"Je porte plainte pour le décès de mon fil s", confirmait, il y a quelques semaines, au Parisien Alain Vastine, le père d'Alexis, décédé au côté de Camille Muffat, Florence Arthaud et sept autres personnes, dans l'accident mortel survenu sur le tournage de Dropped en Argentine, le 9 mars 2015. Il rejoignait ainsi Hubert Arthaud, le frère de la navigatrice, qui souhaitait prendre des dispositions judiciaires. L'action en justice de ce père meurtri par la mort de son fils, qui suit de quelques mois à peine celui de sa fille Célie, emportée dans un accident de voiture, a été rendue possible par l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicides involontaires contre personne non dénommée".
Meurtri, il l'est. Hanté aussi. Aujourd'hui, Alain Vastine confie au JDD à quel point il a du mal à remonter la pente. Il reconnaît même avoir failli commettre le pire...
Lorsqu'il continue d'entraîner ses autres enfants, Cindy et Adriani, dans la petite salle carrée du Boxing Club Pont-Audemer, Alain Vastine ne peut s'empêcher de s'attarder sur les dizaines de photos et d'affiches, presque un album de famille, d'Alexis. "Il pleure comme un gosse", écrit le JDD. Aujourd'hui, il se demande s'il n'a pas "pourri la vie de ses mômes avec la boxe". "Si Alexis avait été champion olympique, comme il le méritait, est-ce qu'il aurait eu besoin d'aller faire une émission de télé ?", lâche-t-il, toujours tracassé par d'innombrables questions sans réponse.
La mort de ses deux enfants, Alain ne s'en remet pas. C'est trop violent pour lui. Il avoue même avoir songé à les rejoindre : "Un jour, j'ai retrouvé chez moi une balle de 22 mm. Je suis allé chercher la carabine, elle n'était plus là. Mon fils Adriani l'avait prise juste avant, sans le dire. Ce n'était pas mon heure. Mais aujourd'hui encore, il faudrait peu de choses..." C'est la boxe qui l'aide à résister. La boxe pour la mémoire d'Alexis.
En tant que partie civile, Alain Vastine aura ainsi accès au dossier judiciaire, tout comme Hubert Arthaud, le frère de Florence. L'enquête a été confiée au service de gendarmerie des transports aériens, spécialisé dans les accidents collectifs, qui a déjà contacté les candidats revenus en France, Alain Bernard, Philippe Candeloro, Jeannie Longo et Anne-Flore Marxer, pour obtenir leur témoignage.