Soudain, la stupeur, l'inquiétude et la consternation : alors qu'un million de Britanniques ont pu applaudir dimanche à Londres le prince Philip lors de la longue parade fluviale du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, l'époux de la monarque, bientôt âgé de 91 ans (dimanche 10 juin 2012), a dû être hospitalisé d'urgence lundi et pour plusieurs jours en raison d'une infection de la vessie. Pour lui, qu'on voyait hier plaisanter avec ses petits-fils William et Harry, discuter avec ses petites-filles les princesses beatrice et Eugenie, ou encore saluer la foule en brandissant son chapeau, les festivités s'arrêtent là : il manquera les principales célébrations du jubilé de diamant, dont le concert gigantesque de lundi soir à Buckingham Palace concocté par Gary Barlow de Take That, et la messe en la cathédrale Saint Paul mardi matin ainsi que la procession de la souveraine dans le State Landau.
Le duc d'Edimbourg, qui avait forcé le respect en honorant la grandiose parade sur la Tamise debout dans le froid et la pluie durant les quatre heures de la procession fluviale, a été transporté lundi en début d'après-midi du château de Windsor à l'hôpital Edward VII, à Londres, où il a été admis par mesure de précaution. Aucun lien, bien évidemment, entre cette infection et sa "performance" à bord du Spirit of Chartwell puis du HMS President.
"Il est, et c'est très compréhensible, terriblement déçu de manquer le concert du jubilé de ce soir et les engagements de demain", a fait savoir dans un communiqué Buckingham Palace. La reine Elizabeth II suivra toutefois le programme comme prévu.
On imagine bien le crève-coeur que cela doit être pour le prince Philip, précieux complice de la reine Elizabeth II depuis plus de 64 ans de mariage, d'autant que ses pépins de santé, récurrents - mais pas scandaleux compte tenu de son âge vénérable - ont le don de suivre un timing particulièrement vexant : on se souvient que le duc d'Edimbourg avait notamment dû de manière inédite faire une croix sur le Noël en famille à Sandringham (le premier avec Kate Middleton) et sur la fameuse petite réunion du club des gentlemen (avec ses fils les princes Charles, Andrew et Edward) qu'il tient à cette occasion en décembre 2011, pour subir une angioplastie coronarienne et la pose d'un stent (23-27 décembre).
Depuis son hospitalisation en avril 2008 en raison d'une infection pulmonaire, puis l'épisode des rumeurs de cancer de la prostate qui l'ont obligé à une déclaration publique inédite (autorisée par la reine) pour démentir (auteur de l'allégation mensongère, l'Evening Standard s'était alors rétracté), la santé du prince Philip est un sujet sensible pour les sujets de Sa Majesté, très attachée à cette figure patriarcale, alter ego infaillible de la monarque. Ce qu'il a prouvé à nouveau dimanche sur la Tamise. En juin 2011, il révélait dans une interview accordée à l'occasion de ses 90 ans vouloir lever le pied sur les engagements officiels (le duc et la duchesse de Cambridge étaient alors pressentis pour reprendre le flambeau de certaines de ses prérogatives), signe de sa santé déclinante, estimant "avoir fait sa part". En effet.