Depuis la mort de son époux Georges Wolinski dans l'attentat du 7 janvier qui a endeuillé Charlie Hebdo, Maryse Wolinski occupe la scène médiatique, "pour défendre cette liberté d'expression" si chère à celui qui l'accompagna durant plus de quarante années. C'est une femme en deuil, attristée mais d'une grande dignité qui s'est confiée dans Sept à huit présenté par Harry Roselmack.
Le 11 janvier, TF1 diffusait un entretien de Maryse Wolinski dans Sept à huit, enregistré quelques heures à peine après la mort vendredi 9 janvier des deux terroristes responsables du massacre de Charlie Hebdo. Elle raconte la dernière image de son mari qu'elle venait de quitter à l'Institut médico-légal, "très beau, apaisé, avec un petit sourire ironique sur les lèvres. Il avait rajeuni de vingt ans".
Calme, loin d'être envahie par la colère, elle revient sur sa vie passée au côté de ce dessinateur de génie, qu'elle avait rencontré au JDD en 1968, à 25 ans quand lui en affichait neuf de plus. "Georges m'a aidée à grandir, à être femme, il a été mon guide, confie-t-elle à Paris Match. Et je pense que moi aussi je l'ai aidé dans son travail. Souvent, il testait ses dessins sur moi. (...) Il a été un merveilleux compagnon, à l'écoute, sans préjugés, tolérant." De ce jour funeste, elle veut croire que Georges Wolinski n'a pas été tué par les terroristes. "Je suis assez sûre qu'il est mort d'un infarctus avant de recevoir ces deux balles, assure-t-elle au micro de TF1. Ils n'ont pas tué mon mari."
Elle l'assure, si son crayon a tué Georges Wolinski, il lui a aussi "sauvé la vie", notamment lorsque sa première épouse, Jacqueline, mère de ses deux premières filles, est décédée dans un accident de voiture en 1966. "Quand je l'ai connu, il était brut de décoffrage. Il aimait bien mes amies, adorait nous écouter, seul homme parmi nous", raconte-t-elle encore dans Paris Match, décrivant dans Sept à huit un homme qui "avait un très grand goût de la vie" et qui "aimait avant tout (...) être sur sa table à dessiner".
Maryse Wolinski évoque son "mari" avec une pudeur et un amour touchants : "Il est mort avec ses idées, avec les gens qu'il aimait, Cabu, Charb, Tignous. C'était ses frères. Il est mort avec son crayon à la main. Il est mort pour la liberté d'expression." Et si elle éprouve "un immense chagrin, mais un chagrin sans larmes", elle annonce ne pas avoir de "temps à perdre". "J'ai à vivre", ajoute-t-elle. Car elle souhaite continuer à faire vivre l'oeuvre de son Wolinski, "un grand éditorialiste politique", loin de l'image de "misogyne" qu'on a voulu lui coller et retient une nouvelle fois cette expression du Point, "le plus phallocrate des féministes".
"Moi aussi je vais continuer à vivre. Parce que c'est ça aussi, son oeuvre. C'est ce qu'il aurait voulu que je sois dans la vie", poursuit-elle, retenant la dernière phrase de son Wolinski - qui sera incinéré au cimetière du Montparnasse avec l'une de ses phrases en épitaphe qu'elle choisira avec ses filles : "Tu es tellement jolie."
"Je n'ai plus mon Georges, avoue avec tristesse Maryse Wolinski. Lui seul savait me consoler. (...) Je sais qu'il m'a vraiment beaucoup aimée jusqu'au dernier jour."
Maryse Wolinski, un portrait à retrouver dans le Paris Match du 12 janvier 2015, et dans le portrait de la semaine de l'émission Sept à huit de TF1 diffusée le 11 janvier 2015