En plein procès Colonna, Erick Zonca s'attaque à la mort du préfet Erignac...

L'excellent cinéaste français Erick Zonca, 54 ans, à qui l'on doit notamment La Vie rêvée des Anges et Le Petit Voleur, était absent des écrans depuis 2008 et la sortie de son dernier film, le formidable Julia (voir la bande-annonce ci-dessus) avec Tilda Swinton.

Aujourd'hui, Le Parisien nous apprend que le réalisateur se penche sur une adaptation d'un des faits divers et politiques les plus célèbres de ces dernières années : l'affaire Colonna. Dans ce sens, et depuis le 2 mai, Erick Zonca assiste aux audiences de la Cour d'assises spéciales de Paris, qui juge pour la troisième fois Yvan Colonna pour le meurtre du préfet de Corse Claude Erignac, survenu en 1998.

Hier, selon le quotidien, le cinéaste poursuivait son étude et il était au procès, où il a pu assister au témoignage de Jeanne Ferrandi, l'épouse d'un des membres du commando, déjà condamné. Le tournage de ce film, que produira Canal+, devrait être lancé cet hiver.

Mais en exclusivité, nous pouvons vous dévoiler le titre de ce nouveau film d'Erick Zonca consacré à l'affaire Colonna. Il s'intitulera Les Anonymes. Dans l'optique de faire passer son message aux participants du film, Erick Zonca a écrit une Note d'Intention :

"Les actes et les faits relatés dans ce film évoquent la foi et le combat de militants face à ce qu'ils considèrent être une injustice et une spoliation. L'injustice de ne pas être considérés ni entendus, la spoliation de leurs terres, de leur culture, de leur identité.
Ces actes et ces faits sont également les choix radicaux d'une lutte pour tenter d'empêcher la désintégration d'un groupe et pour parvenir à la réappropriation des conditions du combat : réunification et nouvelle unité des différents mouvements face à l'ennemi.
Enfin, ils sont la décision de la violence, et l'expérience de l'échec pour des hommes qui n'ont jamais considéré leur lutte et leurs actes autrement que politiques. C'est cette dernière considération qui m'a amené à accepter ce projet, et ceci en dehors de la problématique du politique/criminel et de celle du jugement et de la culpabilité qui me semble être le fait de la justice.
Ces actes et ces faits deviennent à travers ce scénario une histoire, celle d'hommes qui se sont battus, qui ont fait le choix de la violence et de l'assassinat, qui se sont probablement trompés, et qui sont face à leur échec et à leur conscience. C'est aussi l'histoire d'un homme qui se débat pour sa liberté dans l'histoire de cet échec, mais qui se débat également pour continuer à mener le combat politique à travers sa propre histoire, à travers l'injustice qu'il dit subir, celle du non respect de la présomption d'innocence pour un corse.
Ce sont ces deux déroulés humains qui m'intéressent.
Tenter d'accompagner au plus près de leurs convictions et de leurs ébranlements ces hommes pris dans les filets de la police et de la justice, mais aussi dans ceux de la guerre et de l'Histoire. Essayer également de faire vivre devant le spectateur, et de façon très humaine, très incarnée, la complexité intérieure de ce type d'engagement politique, les questions qu'il pose et les forces qu'il demande, morales et idéologiques, pour tenir face à ses choix, mais aussi les affres et les doutes qu'ils provoquent, les effondrements et les risques de dérapages, et ceci au delà ou plutôt en deçà de la complexité de la réalité corse et de l'affaire de l'assassinat du préfet.
Ce film aura donc deux niveaux. Celui de la réalité corse, de l'assassinat du préfet Erignac, de la traque du groupe des anonymes, de sa garde à vue policière, de la traque d'Yvan Colonna et de sa défense pour sa liberté face à ses juges, et puis un autre niveau qu'il s'agira de traiter dignement, humainement, celui des consciences et des combats intérieurs, du sens et de la responsabilité politiques du combat et de la continuation de la lutte qui conduisent soit aux aveux et aux rétractations, soit aux deux positions finales d'Alain Ferrandi et de Yvan Colonna et à leur désaccord."

Malgré de nombreux incidents d'audience, le troisième procès Colonna se poursuit (l'acquittement est improbable, tant cette affaire est polluée, avec notamment une vraie connotation politique) et la décision qui sera rendue par la Cour d'assises spéciales de Paris pourrait une nouvelle fois se retrouver en cassation...

A.I.