Vous dites, dans votre livre, que vous êtes arrivés à "éviter tous les courants malsains et négatifs" des années 1970 et 1980...
J'ai fait attention. On a goûté à tout, tous, mais je ne suis pas tombé dans les affres de l'accrochage, que ce soit à certaines drogues ou à la picole. Même si j'en ai bien profité, je savais qu'il y avait une limite à ne pas dépasser. Justement parce que ma mère traitait ce genre de chose. Ca m'a permis de me tenir en recul, même en testant tout. A l'époque c'était un peu le bordel. Il y avait une liberté, c'était une époque hédoniste...
Il y a une personne qui vous aide à garder les pieds sur terre depuis 30 ans, c'est Nathalie. Racontez-nous votre rencontre improbable
Je suis allé dans un restaurant de copains vachement branché. C'était une époque où je venais de divorcer, j'étais un peu down. Il y avait cette jolie jeune fille qui m'a trouvé super mignon avec mon T-shirt Tintin plein de peinture, j'étais en train de repeindre l'appartement. Je me suis dit que les affaires reprenaient. Elle avait 23 ans, j'en avais 35. J'ai essayé de lui donner rendez-vous et la vie a repris son cours. Mais c'est vrai que ce T-shirt Tintin il est drôle. C'est Les cigares du pharaon. Je l'ai gardé, il est tout mité mais je le garde ! Si il faut, j'y serais allé en chemise et cravate, elle ne m'aurait même pas regardé.
Vous écrivez que le succès vous avait séparé de votre compagne Lucile
Sûrement que j'avais changé. j'étais infernal et je ne m'en rendais pas compte. Je voulais paraître plus intelligent que je ne l'étais. Tout était calculé dans les années 1980. Le succès, ça n'amène pas les réponses. Ce qui amène les réponses, ce sont les échecs. Il y a une dynamique dans l'échec. Beaucoup d'artistes ont fait de très beaux albums quand ils ont été virés de leurs maisons de disques. Maintenant, mon succès est plus relatif. Je le partage avec d'autres artistes. J'ai trouvé la bonne formule.
Est-ce que les enfants de Jean-Pierre Mader sont eux aussi artistes ?
Pas du tout. C'est marrant. Ils ont eu envie de se construire différemment. Mes parents voulaient que je sois ingénieur informatique, j'ai fait des études pour leur faire plaisir mais ma révolte ça a été la musique. Leur révolte a eu, c'est de ne surtout pas faire de la musique. J'ai des enfants très équilibrés : mon fils fait du surf, ma fille fait de la communication, elle est en master 2, elle a 22 ans. Ce sont des gens plus sérieux que ce que j'étais à leur âge. Ils n'ont pas envie de me ressembler, ce que je trouve plutôt sain.
Comment vivez-vous aujourd'hui votre étiquette de "chanteur de variété" ?
Pourquoi pas ! J'ai accepté la place qu'on m'a donné. En écrivant le livre, je me suis rendu compte que beaucoup de gens disaient que j'étais sympa. C'est vrai qu'on a occulté plein de choses particulières. Des albums plus ambicieux qui n'ont pas marché, des productions avec des artistes majeurs, Serge Reggiani, Bernard Lavilliers, Michel Fugain... c'est passé un peu à l'as. Les gens ont envie de me voir pour chanter Macumba, et pourquoi pas !
Les gens vous abordent toujours dans la rue ?
Je suis un mec assez cool avec ça. On me fait des petits sourires, c'est sympa. je ne suis pas gêné parce que ce n'est pas une idolâtrie. C'est une gentille notoriété. Je trouve que j'ai beaucoup de chance d'avoir démarré la musique à 16 ans et de me retrouver à plus de 60 ans à remplir des Zénith et des Bercy. C'est inimaginable. Il y a même des petites filles qui m'arrêtent dans la rue ! Macumba, c'est un titre qui évoque les années bonheur, l'insouciance. Des fois, le soir du réveillon, je l'entends 4 fois, 40 ans plus tard. Et cette tournée magique... il y a toutes les générations qui viennent. La maman, la petite fille, le grand-père, l'oncle. C'est inter-générationnel.
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.com.