C'est l'histoire d'un boxeur au bord du K.O permanent... sans jamais jeter l'éponge. Cette histoire, c'est celle de Fabrice Bénichou, ex-star de la boxe ruinée et plongée dans une déprime qui l'a menée jusqu'à une tentative de suicide, en 2012. Mais après les drogues, l'alcool, les trahisons et les coups portés au coeur, l'ancien champion du monde est, comme par miracle, toujours debout, deux ans plus tard. Un Dernier combat que le boxeur est en passe de gagner sur le fil grâce à son nouvel amour, ses proches et de nouveaux projets professionnels, comme il le confie au Monde.fr à l'occasion de la sortie de son nouveau livre.
Déprimé après le départ de Laurence, sa compagne de longue date, Fabrice Bénichou voulait sonner le dernier round. Effondré, armé d'un couteau et de bouteilles de Jack Daniel's, il est alors à deux doigts de mettre fin à ses jours, ce 10 juin 2012, et poste un message d'adieu sur Facebook. C'est ce qui lui sauvera la vie. Ses amis vont en effet alerter la police qui, un coup de Taser et une arrestation mouvementée plus tard, l'embarquent pour un séjour dans un hôpital psychiatrique. "J'ai vu arriver quelqu'un de complètement perdu, dans un état maniaque et anxieux d'une intensité insupportable pour lui", explique au Monde le docteur William Lowenstein, qui l'a accueilli à la clinique Montevideo de Boulogne-Billancourt.
"Je suis encore très fragile"
Tombé "pas à terre, mais bien en dessous", Fabrice Bénichou voit cet épisode marquer le début de sa renaissance. Car le docteur Lowenstein, son psychologue depuis cette date, lui a "sauvé la vie" et permis d'être toujours dans la course pour remporter son fameux "dernier combat", titre de son livre publié le 24 avril prochain, sept ans après Putain de vie ! (Ed. Plon). "Il s'agit de me battre contre moi-même, pour enfin vivre, naître, avec moins de peurs, enfin capable de lever la tête et de la maintenir bien droite, explique-t-il. J'étais vraiment tombé très bas il y a deux ans", ajoute l'attachant boxeur star des années 1990 dans le livre.
Son dernier combat, Fabrice Bénichou l'aborde toutefois marqué par les coups du passé. Physiques mais surtout psychologiques. "J'ai de gros problèmes de mémoire immédiate, je me rappelle plus ce que j'ai fait il y a cinq minutes. Je pense que c'est à cause des pains que j'ai pris", raconte ce fils de fakir ayant bourlingué à travers le monde - il parle anglais, italien, hébreu, portugais, espagnol et allemand ! - durant sa jeunesse. "Je sais que je suis encore très fragile, il faut pas grand-chose pour que je tombe. Un croche-pattes et je suis par terre", reconnaît-il même si les plus grosses séquelles restent dans la tête. "Toute contrariété, notamment affective, le touche bien plus profondément que tous les uppercuts qu'il a encaissés", estime le docteur Lowenstein, président de l'association SOS Addictions.
Un "dernier combat" avec Maryam, son nouvel amour
L'autre point sensible chez Fabrice Bénichou, ce sont ses enfants. Car sa descente aux enfers l'a malheureusement tenu éloigné de ses enfants Yoni (28 ans), Nathan (27 ans), et Axel (20 ans). Une blessure qu'il tente aujourd'hui de soigner grâce à Melchior (11 ans), son dernier enfant, né d'une autre mère, avec lequel il tente de rester le plus proche possible et qui l'aide à tenir debout dans ce dernier combat. Comme son nouvel amour, Maryam (22 ans), une jeune femme rencontrée lors de ses cours de boxe, puisque Fabrice Bénichou donne désormais des classes. "Le meilleur carburant pour lever son cul, se battre et être plus fort", confie-t-il à propos de sa belle, lui qui avait déjà été sauvé par une femme en 2012, Naima.
Question carburant, Fabrice Bénichou (49 ans) trouve également des ressources côté professionnel, où il multiplie les projets. "L'important, c'est qu'il palpite. Il faut absolument qu'il aime ce qu'il fait", analyse le docteur Lowenstein. Parrain de SOS Addictions, l'ex-boxeur travaille toujours sur l'adaptation de sa vie au cinéma, s'est également lancé dans le coaching sportif avec l'ancienne basketteuse de l'équipe de France Paoline Ekambi pour donner des cours de boxe dans les entreprises et les grandes écoles, et s'occupe du développement d'une école de boxe à Sens (Yonne). Et sort un livre. "Dans trois siècles, y aura toujours un con qui se demandera ce que c'est que ce bouquin et qui le lira. Voilà ce que je voulais. Parce que le statut d'ex-champion, d'ex-gloire, c'est l'horreur. Ça a quelque chose de pathétique", explique le tatoué revenu de l'enfer. Et bien décidé à en rester éloigné...