Pour revenir sur les planches, Fanny Ardant a choisi la pièce de boulevard Croque-Monsieur, marchant sur les traces de l'immense Jacqueline Maillan. On ne l'attendait pas forcément dans ce registre, elle précise d'ailleurs ne pas avoir choisi le rôle pour être "inattendue" mais tout simplement parce que le personnage, cette bourgeoise fantasque qui veut refaire sa vie après la mort de son riche mari, l'emballait. Avec franchise et élégance, elle répond aux questions du Parisien.
Lorsqu'on lui demande quel regard elle porte sur le monde actuel, Fanny Ardant fait un constat amer : "Si la sécurité passe avant, c'est fini. L'état d'urgence est dangereux. Certains mettent cinq verrous à leur porte, d'autres la claquent. Qui a raison ? Si le voleur veut entrer, rien ne lui résistera." D'ailleurs, chez elle, il n'y a pas de verrou : "J'ai déjà été cambriolée, il n'y a plus rien." La comédienne n'est pas matérialiste et préfère profiter de ses biens plutôt que de les garder : "J'aime le parfum, les couturiers..." Son train de vie, elle n'a pas peur de le perdre, se reconnaissant un côté autodestructeur. Cependant, elle explique pourquoi il lui est égal de perdre ce qu'elle a : "J'ai été une enfant heureuse. Coco [son personnage], elle, a mangé des pierres petites, ça change la donne."
L'actrice de François Truffaut revient aussi sur son statut de grand-mère, elle qui est mère de trois filles et grand-mère de Swann et Manon. Cela ne l'a pas vraiment changée mais elle se réjouit que sa famille s'agrandisse : "J'adore la compagnie des jeunes enfants, vous pouvez faire l'idiot, rien n'est retenu contre vous. Et ils vous protègent, ils vous apprennent que tout ce qui est éphémère n'est pas grave." Déjà dans Paris Match en 2014, elle disait : "Être grand-mère me donne la niaque." Elle les emmène à l'Opéra et si c'est ennuyeux, ils s'éclipsent. "Je leur apprends qu'il ne faut pas avoir peur", raconte cette mamie débordante d'amour.
Son regard sur les autres est réjouissant, comme lorsqu'elle parle de vieillesse : "Un jour, dans une pharmacie, il y avait cette vieille dame qui sortait très lentement ses pièces... Elle m'a fait un petit clin d'oeil, comme pour dire 'je les emmerde'. J'ai adoré."
Fanny Ardant, au théâtre de la Michodière jusqu'au 6 novembre dans Croque-Monsieur, dévoilera en décembre sa troisième réalisation, Rouges sont les rêves, avec son grand ami Gérard Depardieu dans le rôle de Staline. Et ce n'est pas fini pour le duo d'acteurs : Dans Laissez-vous tenter sur RTL, la cinéaste Josée Dayan confiait préparer une comédie douce-amère avec les deux comédiens, l'adaptation d'un texte inédit de Françoise Sagan, assurée par David Foenkinos.