Des barbouzes, un laboratoire mondialement connu, un pirate informatique et d'étranges commanditaires. Le scénario a tout d'un bon film d'espionnage à l'américaine...
Sauf que. L'histoire concerne un ancien vainqueur du Tour de France déchu de son titre pour dopage. Et cet homme, c'est Floyd Landis, l'ancien partenaire de Lance Armstrong, lui aussi impliqué dans de sombres affaires de dopage. L'Américain était déjà connu pour ses nombreuses révélations concernant le dopage dans le cyclisme, suite à son contrôle positif sur la Grande Boucle 2006. S'était ensuivie une longue série de tentatives de la part du coureur pour se faire blanchir (lignes de défense multiples, expertises, contre-expertises, procès et appel auprès du TAS - rejeté en juin 2008), qui déboucha finalement sur la suspension du coureur jusqu'au 30 janvier 2009.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, puisqu'en février 2010, un mandat d'arrêt international était émis à son encontre pour non-présentation à une convocation dans le cadre d'une enquête sur une affaire de piratage informatique. Et c'est justement cette affaire que la présidente de la 15e chambre du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a tenté de démêlé jeudi 20 octobre.
Pour comprendre cette histoire rocambolesque, il faut remonter au 14 septembre 2006. Le laboratoire de Châtenay-Malabry, laboratoire national anti-dopage français, est alors victime d'une intrusion informatique concernant le dossier Floyd Landis. L'enquête débouche rapidement sur l'implication de plusieurs personnes : Jean-François Dominguez, ex-légionnaire parachutiste, Thierry Lorho, ancien para également, ancien de la DGSE (services secrets français), patron d'une société de conseils en intelligence économique et Alain Quiros, spécialiste de sécurité informatique et hacker présumé de l'affaire.
Deux personnes sont pourtant absentes du tribunal ce jour-là, et pas des moindres. Floyd Landis et son entraîneur Arnie Baker. Le coureur n'a pu assister au procès, pour des "raisons économiques", ses différentes actions en justice l'ayant totalement ruiné, révèle ainsi l'AFP. "Il n'a plus un dollar en poche après les multiples procédures engagées à ce sujet avec l'Agence d'arbitrage américaine indépendante", a ainsi expliqué un proche du coureur américain.
Si Dominguez reconnaît avoir fait appel au hacker, il se dit "convaincu" que Landis et Baker étaient les commanditaires de l'opération. Il a expliqué que l'exécution du contrat répondait à "un principe de cascades, le donneur d'ordres se cachant derrière des intermédiaires pour qu'on ne retrouve pas sa trace. J'ai accepté le contrat par amitié sans savoir qu'on allait s'attaquer à une institution française. C'était un impair." S'il reconnaît ne pas "avoir d'état d'âme lorsqu'il s'agit d'entreprises privées", il en va tout autrement lorsqu'il s'agit d'institutions françaises : "Je savais à peine que c'était un type qui faisait du vélo. Ce n'est que le 14 novembre, en voyant la une de L'Équipe révélant l'affaire du piratage, que j'ai pris conscience de ce que nous avions fait... Bon, c'est clair, le crime profitait à Landis et Baker."
Deux absents qui ne pourront pas s'expliquer sur leurs rôles respectifs... Quant aux accusés, si le réquisitoire est attendu lundi, ils ne sont pas sortis d'affaire pour autant. L'enquête sur l'intrusion informatique au laboratoire a mis à jour une autre opération d'espionnage. Cette fois-ci, c'est Greenpeace qui était visé, pour le compte d'EDF.