Très prochainement, France 2 diffusera une nouvelle série policière, Empreintes criminelles. Une sorte d'Experts... mais au début du XXe siècle à Paris. Une série avec notamment Sorën Prévost, Julie Debazac ou encore Pierre Cassignard.
Cette série de six épisodes a été livrée en 2009 à France 2 pour n'être diffusée qu'en 2011 et ce, alors que la fiction a coûté 1,9 million d'euros ! C'est à partir de ce postulat que le magazine Télé 7 Jours (en kiosques lundi prochain) a mené l'enquête sur ces fictions françaises qui ne sont pas diffusées par France Télévisions... et qui coûtent cher !
10% de la production n'est pas diffusée
Le groupe France Télévisions explique que 150 fictions françaises sont produites par an et Télé 7 jours (aidé d'une association des professionnels de la production audiovisuelle, le groupe 25 images) a recensé une quinzaine de productions non diffusées. Soit 10% de la production globale !
Un gouffre financier quand on sait que ces fictions peuvent coûter entre 500 000 (par exemple La ballade de Kouski d'Olivier Langlois a été livrée en décembre 2008 et jamais diffusée) et près de 4 millions d'euros (la série Duo, livrée en décembre 2008, a coûté 3,9 millions d'euros) ! Les chaînes ont-elles un intérêt à ne pas diffuser ces fictions ? Pas vraiment puisque, qu'il y ait diffusion ou non, les équipes de production sont de toutes façons payées.
Plusieurs millions d'euros du contribuable... gaspillés !
Avec un budget moyen de 1,5 million d'euros pour une fiction (tarif qui varie évidemment en fonction de la durée et des moyens utilisés, de type séries en costumes, etc.), le budget des 150 fictions tourne en moyenne autour de 225 millions d'euros. Un "petit" budget payé en grande partie par la redevance. Et donc par nous tous, contribuables ! Et quand on sait que 10% de ces fictions ne sont pas diffusées pour l'équivalent d'une vingtaine de millions d'euros... ça fait cher les séries qui prennent la poussière dans les cartons !
Mais du côté de la direction, on relativise en précisant : "Nous avons tout intérêt à diffuser les films commandés !" Pour autant, France Télévisions prend conscience des efforts à fournir : "Nous allons tout mettre en oeuvre pour améliorer la situation, mais le risque zéro n'existe pas. Une fois livré, un film peut ne plus correspondre au goût du public, ou ne plus coller à l'actualité." Effectivement, Empreintes criminelles - dont l'action se situe dans les années 1920 - ne colle certainement plus à l'actualité : une raison pour avoir décalé ce programme (au pitch intéressant), et pourquoi l'avoir commandé alors ?
Le dernier recours : revendre la fiction achetée
Mais si France Télévisions a tout intérêt à les diffuser, le groupe a toujours un recours pour ne pas être tout à fait perdant en cas de déprogrammation. Une fiction est achetée avec la clause d'un nombre de passage déterminé dans un temps limité. La date d'échéance arrivée, France Télévision peut revendre la fiction même si elle n'a pas été diffusée : cela a été le cas avec Le marathon du lit avec Annie Girardot, livré en 2002 au groupe et racheté par NT1 qui l'a diffusé en 2008.
Les productions françaises sont-elles si mauvaises pour ne pas mériter d'être diffusées, ou les programmateurs - qui ont changé depuis l'arrivée de Rémy Pflimlin - ont-ils des goûts qui changent avec l'air du temps ?