France Télévisions a connu des jours meilleurs... Ses téléspectateurs n'aiment visiblement pas le changement à en croire l'accueil pour le moins glacial qu'ils réservent aux nouveaux programmes qui viennent garnir la grille de rentrée de la chaîne.
La déception Tchounguy
Elizabeth Tchoungui, animatrice des Maternelles sur France 5 entre 2009 et juin dernier, en est le meilleur exemple. Arrivée sur France 2 ce mois-ci avec Avant-premières, un magazine culturel (intéressant pourtant) héritant de la case sinistrée du mercredi en seconde partie (L'Arène de France, Face aux français ou L'objet du scandale s'y sont déjà cassé les dents), elle n'a réuni que 300 000 téléspectateurs (2,7% de part d'audience) pour son premier numéro. Plus que faible. La semaine suivante, elle ne fera pas décoller la tranche : seulement 400 000 curieux et un timide 3% de part de marché. Le Parisien se permet ce matin de lui demander de procéder à des changements en reconnaissant que chez elle, on "cause culture" : "Mettez un terme à la claque du public qui vient ponctuer chaque fin de phrase et n'attendez pas qu'on les ait vus partout pour inviter ceux qui font l'actualité". Ce sont de bons conseils.
La sortie de route Delarue
Avec Réunion de famille, Jean-Luc Delarue signait son retour sur France 2, cette rentrée, après neuf mois d'absence suite à son implication dans un trafic de stupéfiants... Le psy du PAF, qui réunissait autrefois jusqu'à 25% de part de marché avec Ça se discute, est devenu un animateur de second plan pour le groupe France Télé, même si les émissions qu'il produit (on pense à Toute une histoire, par exemple) continuent de passionner les foules. Aujourd'hui, Réunion de famille doit se contenter de 900 000 téléspectateurs (une audience stable entre le premier et le second numéro), et un bien triste 9% de part d'audience. Selon nos confrères de Télé 7 Jours, son émission devrait être maintenue jusqu'à Noël. L'objectif fixé par la chaîne : atteindre les 13% de PDM avant cette échéance. Delarue connait ses classiques, va hausser le ton et forcer le trait pour les prochaines émissions, c'est certain.
L'espoir Viguier
Malgré un départ timide (400 000 téléspectateurs pour le premier numéro de Vendredi sur un plateau), Cyril Viguier demeure un "bon investissement" pour France 3. Son talk-show hebdomadaire commence à trouver ses marques et réunissait même 600 000 téléspectateurs (6,3% de part de marché), ce vendredi 16 septembre. Ce rendez-vous, qui impose aux artistes de venir sans faire leur promo , veut tenir toutes ses promesses, avec des invités variés et de grande qualité. Pour sa première , l'invitée fil rouge était Mireille Darc , ce vendredi c'était Laurent Gerra et le 23 septembre ce sera un des athlètes le plus médaillé au monde (neuf médailles d'or aux Jeux Olympiques et huit aux championnats du monde au cours de sa carrière), le champion Carl Lewis est venu spécialement pour cette émission des Etats-Unis. Il rencontrera Rama Yade et Laura Flessel, entre autre.
A noter également qu'il a hérité d'une tranche horaire bien complexe : à l'heure où il propose ce magazine d'un genre nouveau, TF1 est en pleine puissance avec son Secret Story, France 2 catapulte Un jour, un destin, tandis que M6 drague le public à coups de soirées spéciales NCIS. Pas évident pour Cyril Viguier de rivaliser, mais il tient bon ! Il parvient même à séduire de plus en plus de ménagères : de 1% pour son arrivée sur France 3, il est passé à 2,7% de PDM sur les femmes de moins de 50 ans. Le bouche à oreille commence à fonctionner ! Autant d'indices qui encouragent France 3 à laisser s'installer ce rendez-vous hebdomadaire, en attendant d'en récolter les fruits dans quelques semaines, quand la concurrence se fera moins rude. D'ailleurs, Francois Guilbeau, le directeur général de France 3, ayant indiqué à la conférence de presse de rentrée de France Télé que sa chaîne avait besoin de ce type de rendez vous, qu'il lui laisserait tout le temps de s'installer, France 3 voulant faire de ce rendez vous une "vitrine".
Pour le groupe France Télévisions, face à de tels résultats, il faudra bientôt prendre une décision : laisser le temps à ces nouveaux concepts de s'installer et de trouver leur public, au risque que cela ne se produise jamais, ou les rayer définitivement de sa grille pour ne pas se laisser dévorer par la concurrence. La télé publique, financée partiellement par l'Etat, doit-elle, comme le ferait une chaîne privée, rentrer dans une course effrénée aux audiences ? Là est toute la question.
Joachim Ohnona