
C’est une enquête qui risque d’avoir l’effet d’une bombe dans le milieu du cinéma français. Après de nombreux scandales impliquant de grands noms et déclenchés pour la plupart grâce à la vague #metoo et à quelques jours de la cérémonie des César, c’est l’un des acteurs français les plus populaires du moment qui se retrouve au cœur de l’actualité. D’après les informations publiées par Mediapart ce vendredi 21 février, qui s’est entretenu auprès de six femmes, dont trois sont d'anciennes compagnes du comédien, Franck Gastambide est accusé de violences sexuelles, physiques et psychologiques.
Pour l’heure, nos confrères affirment qu’aucune d’entre elles n’a déposé plainte contre l’acteur. Sur les six femmes qui ont choisi de témoigner contre Franck Gastambide, cinq ont choisi de garder l’anonymat, à l’exception de l’actrice Marion Séclin, qui évoque le tournage de l’émission Le Débarquement, sur Canal+ en 2013. “Sans crier gare, et alors qu’on ne se connaît absolument pas, il a mis sa main sur le dossier de ma chaise et a commencé à frotter son sexe sur ma main en soupirant de plaisir. Sur le moment, je n’ai pas réagi, j’étais comme pétrifiée”, explique l’actrice qui est dans la vingtaine à cette époque, à Mediapart.
D’après le récit de Marion Séclin, les choses ne s’arrêtent pas là et alors qu’elle s’apprête à descendre des escaliers, l’acteur serait apparu pour la “bloquer”. “Il me dit : ‘Tu ne passes pas si tu ne m’embrasses pas d’abord’, sur un ton tout ce qu’il y a de plus sérieux. Là encore, je suis hyper gênée, je ne sais pas comment réagir, je l’évite”, se souvient-elle. L’acteur Kevin Razy, présent ce jour-là, confirme bien que la scène a eu lieu. “Il était vraiment sur ses côtes toute la journée. Il était gênant et lui faisait du rentre-dedans en permanence, Marion ne se sentait pas en sécurité ce jour-là”, indique-t-il.

Une autre femme, qui a préféré garder l’anonymat, dénonce le comportement de Franck Gastambide en 2020 lors de l’avant-première de la série Validé au Trianon, à Paris. “En ‘repartant après lui avoir fait la bise’, selon son témoignage, il serait passé derrière elle et lui aurait ‘frotté les fesses avec son bassin pendant plusieurs secondes’”, comme l’écrit Mediapart. “Ça m’a profondément choquée, notamment car on était dans un cadre professionnel”, assure cette dernière.
Une autre femme évoque le tournage de la série Validé en 2019 et l’attitude de Franck Gastambide, qui l’aurait mis mal à l’aise. “Très rapidement, et alors qu’il avait été ‘très professionnel’ lors de son recrutement, selon la jeune femme, Franck Gastambide l’aurait bombardée de textos de drague pendant plusieurs semaines et lui aurait proposé de la voir le soir, dans un cadre intime”, révèle nos confrères. “J’ai eu peur de le vexer en n’acceptant pas ses avances. C’était stressant, j’avais peur des répercussions professionnelles, étant donné le rapport hiérarchique qui existait entre nous. Je ne pouvais pas lui dire cash que ces textos du soir me posaient problème”, indique celle qui a tenu à préserver son anonymat, avant d’expliquer que le réalisateur “aurait cessé après l’intervention d’un des acteurs de la série, auquel elle s’était confiée”.
Vient ensuite l’histoire de Chloé (le prénom a été modifié), qui a vécu six ans avec Franck Gastambide, avant une rupture en 2020. “Plusieurs fois, il m’a physiquement empêchée de sortir de son appartement en s’interposant. Il voulait que je le pousse, pour me dire ‘tu vois, tu es folle, tu es violente’”, témoigne celle qui est actrice, indiquant qu’après leur rupture, il aurait continué à la “harceler”.

Une cinquième femme, qui a été en couple avec Franck Gastambide à partir de 2010, alors qu’elle avait une vingtaine d’années, a des mots très forts. “Il a fracassé ma vie, et il me fait encore peur. Je veux que ça s’arrête”, explique l’actrice, avant d’en dire plus sur leur relation : “Notre histoire a duré plusieurs années, par épisodes. J’ai ensuite subi des années de harcèlement, d’intimidations et de calomnies destinées à ruiner ma carrière, qui en a pâti. Ça ne s’est jamais arrêté.” De son côté, l’acteur, qui s’est entretenu avec Mediapart, réfute ses accusations et accuse cette dernière de “harcèlement” et de “graves calomnies”.
La dernière accusatrice, qui a entretenu une relation avec Franck Gastambide de 2007 à 2010, évoque un homme au “double visage”, “charmant, sociable et amusant en public. Humiliant et abusif dans l’intimité”. Actrice également, elle fait sa connaissance avant qu’il ne rencontre le succès, lorsqu’il est encore dresseur d’animaux. “Il s’est mis à ouvrir et lire mon courrier, à me dicter comment répondre à mes mails. Il a peu à peu pris le rôle de manager, s’est mis à décider avec qui je pouvais travailler ou non. Il me disait que j’étais en danger et lui seul savait comment me préserver. J’ai fini par le croire”, assure-t-elle.
De lourdes accusations contre Franck Gastambide, mais d’après nos confrères, “quatre autres de ses ex-petites amies ont en revanche décrit à Mediapart un homme ‘calme’, ‘gentleman’, ‘ni violent physiquement, ni dans ses mots’”. De son côté, le réalisateur “conteste vigoureusement la majorité des mises en cause dont il fait l’objet”, affirmant être la “victime” d’une campagne de calomnies de la part de l’une de ses anciennes compagnes “qu’il accuse de violences et de menaces, SMS et témoignage à l’appui”, sans pour autant avoir porté plainte contre elle. “Franck Gastambide évoque ‘un cauchemar’ dont il subirait déjà les ‘conséquences sur [s]a carrière professionnelle, [s]a vie privée et [s]a santé mentale’”.

Quelques minutes après la diffusion de l’article de Mediapart, Franck Gastambide a tenu à réagir via son compte Instagram dans un long message. “Mediapart vient de publier un article me concernant, déclenché par les mensonges et la malveillance de personne qui, poussées par la jalousie et la frustration, me harcèlent, me menacent et cherchent à me nuire depuis des années”, lance-t-il en introduction, avant d’expliquer que les journalistes de ce média ont “fouillé” sa vie et son passé pendant “près de deux ans”. “Je leur ai fourni plusieurs dizaines de constats d’huissiers de justice, de textos, de mails, de notes vocales et de nombreuses attestations de témoins. Autant de preuves accablantes des menaces et de la volonté de nuire dont je suis victime, de la part de ceux qui sont la source principale de leur enquête”, poursuit-il.
“Pendant plus d’un an, cette enquête a permis à un flot de rumeurs infondées de s’installer, des rumeurs bien plus graves que le contenu de l’article lui-même, alimentées par la jalousie et la frustration de ceux qui les ont déclenchées. Face à ces calomnies j’ai livré ma vérité et les preuves qui l’accompagnent. J’ai démontré à ces journalistes que certains de leurs informations leurs mentaient, et je les ai même laissées consulter mon téléphone portable pour leur prouver ma bonne foi”, ajoute-t-il ,avant de conclure : “Ces journalistes ont choisi de s’arranger avec certaines réalités parce que l’envie de sortir un article sur une personnalité comme moi était bien trop forte."

Retrouvez l'enquête de Mediapart en intégralité sur leur site.
Franck Gastambide reste innocent des faits reprochés et aucune plainte n'a été portée à l'heure où nous publions l'article.