Geneviève Dormann brillante femme de lettres française, journaliste à ses heures perdues et féministe avant l'heure s'en est allée. Décédée le 13 février dernier à l'âge de 81 ans, elle laisse derrière elle une dizaine d'ouvrages, trois prix littéraires et une réputation de "tigresse".
Une romancière émérite, par trois fois récompensée
Insolente, provocatrice et courtisée, Geneviève Dormann a marqué les esprits par sa plume acérée et ses écrits mordants. Romancière et journaliste, elle publie de nombreux romans, à commencer par La Fanfaronne en 1959, La Passion selon Saint-Jules en 1967 et le mythique Bal du dodo en 1989 pour lequel elle reçoit le Grand Prix du roman de l'Académie française. Une prestigieuse récompense qu'elle accepte après avoir pourtant réfusé d'être faite chevalier des Arts et des Lettres en 1972. Elle a beau mépriser les distinctions et le protocole, Geneviève Dormann, victime de son talent, se verra aussi attribuer le prix des Deux Magots en 1974 pour son Bateau du courrier ainsi que le prix Maurice-Genevoix pour son livre Adieu, phénomène en 1999.
Une féminisme sulfureuse aux propos mémorables
Seize années plus tard, Geneviève Dormann n'a rien perdu de sa sulfureuse réputation. La romancière qui aussi écrit pour Marie Claire, le Figaro Magazine ou encore le Point garde l'image d'une blonde au caractère bien trempé et aux prises de positions tranchées. Celle qui se disait "féministe avant le féminisme" n'a jamais gardé sa langue dans sa poche. Elle a souvent tenu des propos polémiques, revendiquant notamment "le droit d'aimer les bons juifs et d'envoyer paître les autres" ou bien critiquant les "prix truqués, les jurés achetés", visant sans détour l'illustre Goncourt. Des écrits piquants et un esprit libre, Geneviève Dormann fut critiquée et aimée pareillement pour son caractère brûlant. Elle multiplie les passages télévisés et devient même chroniqueuse pour la Bande à Ruquier dans On va s'gêner.
Derrière sa brillante carrière, se cache toutefois une femme parfois fragile intérieurement malgré une insolence apparente. Divorcée du peintre Philippe Lejeune (trois filles naîtront de cette union), elle se remarie plus tard avec le parolier Jean-Loup Dabadie. Ensemble, ils auront une autre petite fille mais leur mariage ne durera pas plus de cinq ans, tout comme son précédent. Pas de quoi fâcher la belle qui avouera elle-même avoir le don d'épouser des maris fauchés et inconnus pour les quitter riches et célèbres.
À l'annonce de sa mort, Fleur Pellerin, l'actuelle ministre de la Culture, a salué "une femme libre à la plume provocante, une aventurière au verbe haut qui savait comme personne rendre le rire intelligent". Une description à l'image de Geneviève Dormann à qui elle a adressé un dernier Adieu, phénomène.