Il a beau clamer son innocence, dans la presse italienne comme auprès de la police, Gérard Depardieu a été mis en examen pour "viols et agressions sexuelles" après une première enquête classée sans suite. Le comédien a toutefois réclamé l'annulation de cette mise en examen devant la chambre de l'instruction de Paris, "au motif de l'absence d'indice sérieux", et attend un verdict pour le jeudi 10 mars 2022.
Apprentie actrice, danseuse et pianiste, Charlotte Arnould a déposé une plainte contre Gérard Depardieu le 25 août 2018 dans une brigade de gendarmerie à Lambesc, dans les Bouches-du-Rhônes. Elle l'accuse de deux viols qui auraient eu lieu ce même mois, durant l'été. La jeune femme le connait depuis l'enfance : son père dirigeait des hôtels de luxe dans des stations de ski à Jougne et aux Arcs et avait reçu, à plusieurs reprises, Gérard, Julie et Guillaume Depardieu.
"Charlotte ne voulait pas que je dérange Gérard, explique toutefois son père aux enquêteurs de la police judiciaire parisienne, comme le rapporte le journal Le Parisien. Elle ne voulait en aucun cas que j'intervienne pour sa carrière, elle voulait la faire toute seule." Mais tout aurait basculé en août 2018, alors que Gérard Depardieu aurait croisé Charlotte et sa maman dans la rue. Après avoir récupéré son numéro, il lui aurait proposé de passer à son hôtel particulier pour évoquer sa jeune carrière.
"Nous avons discuté professionnellement comme cela cinq minutes avant qu'il me dise de m'approcher de lui pour qu'il regarde le maquillage de mes yeux", raconte Charlotte Arnould aux policiers. Gérard Depardieu aurait alors glissé ses mains sous ses vêtements et lui aurait imposé une "pénétration digitale", puis un cunnilingus "non consenti" quelques minutes plus tard dans la chambre. Le deuxième viol aurait eu lieu le 13 août suivant, alors qu'ils répétaient ensemble le rôle d'Armande dans la pièce Les Femmes Savantes, de Molière. La jeune actrice serait retournée sur place pour faire part de son dégoût mais aurait à nouveau subi, "tétanisée", un viol digital.
Si j'avais senti la moindre résistance ou opposition, elle n'aurait pas eu besoin de dire un mot
Lors de son audition libre à la PJ parisienne, Gérard Depardieu a reconnu une partie des faits. Il admet avoir touché la plaignante et l'avoir questionnée sur sa vie sexuelle, mais affirme que celle-ci était "pleinement consentante". "J'ai senti dans son regard et son comportement une curiosité et une entente qui m'ont poussé à aller plus loin, précise-t-il. Si j'avais senti la moindre résistance ou opposition, elle n'aurait pas eu besoin de dire un mot, j'aurais arrêté immédiatement. M'ayant dit qu'elle était vierge, je n'ai à aucun moment voulu pratiquer une pénétration digitale. Mon souhait n'était en aucun cas de l'atteindre mais au contraire de faire en sorte, avec son consentement, de lui donner du plaisir."
Les enquêteurs restent intrigués par certains messages envoyés par Charlotte Arnould cinq jours après le second viol relaté. La jeune femme répondait, à Gérard Depardieu : "Mon doux Gérard, j'ai appris la scène et j'espère la travailler avec vous bientôt." Elle aurait également évoqué son envie de chanter Barbara avec lui au Cirque d'Hiver. "J'avais besoin d'expulser la mort qui m'habite, rappelle-t-elle à la PJ. Je n'avais pas envie d'y croire encore. J'étais dans le déni, la sidération, la dissociation. Je n'ai pas pris conscience de la gravité des faits..."
Gérard Depardieu reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à ce qu'une décision de justice soit rendue. Retrouvez toutes les informations sur l'Affaire Depardieu dans le journal Le Parisien du 9 mars 2022.