Michel Denisot et Gérard Depardieu, tout le monde ne le sait pas forcément, partagent une origine commune : la petite ville de Châteauroux, dans l'Indre. Un sujet de conversation qui revient régulièrement dans l'entretien organisé entre les deux hommes par le Journal Du Dimanche. Mais pour une fois, ce n'est pas celui qu'on croit qui pose les questions.
Si Gérard Depardieu sera toutefois l'invité d'une Conversation secrète enregistrée par Michel Denisot à l'occasion des 30 ans de Canal+, bouclant ainsi une boucle qui avait commencé aux débuts de la chaîne cryptée par un entretien entre les deux hommes, c'est cette fois-ci le monstre sacré du cinéma français qui pose les questions.
Et l'acteur de se dire surpris par ce qu'il représente pour le journaliste, comme il a pu s'en rendre compte en dévorant les pages de Brèves de vie, l'ouvrage de Michel Denisot. "C'est vrai que j'ai beaucoup d'affection pour toi, reconnaît ce dernier. (...) Nous sommes assez différents mais nous partageons une enfance à Châteauroux, le fait d'être autodidactes et passionnés de vin, puisque nous sommes également viticulteurs."
De Châteauroux, Michel Denisot se souvient de l'école, où il a "tout raté" : "J'ai triplé la première, doublé la philo ; à l'arrivée je n'ai eu que mon permis de conduire." Mais il se souvient également que "c'était le trou du cul de la France", dont la quiétude des 50 000 habitants ne fut troublée que par l'installation d'une base militaire américaine : "5 000 GI avec leurs Cadillacs de toutes les couleurs. Ma première petite amie était américaine, comme la tienne, d'ailleurs", rappelle-t-il à Gérard Depardieu. Dans le souvenir de celui qui est actuellement à la tête de Vanity Fair, Gégé vivait alors "de façon un peu atypique", faisait des "petits trafics avec les GI", fort contraste avec "l'existence plus classique" du futur animateur vedette de Canal+. "A 12 ans, tu étais aussi grand et baraqué qu'aujourd'hui", lâche-t-il à celui qui "régnait sur l'avenue Victor-Hugo" avec son pote Jacky Merveille, "un loulou encore plus barré que [lui]". "Quand vous demandiez l'heure, on vous donnait la montre...", se souvient Michel Denisot.
Des souvenirs émouvants et méconnus, qu'il confit à son interlocuteur, personnage incontournable de sa carrière, comme il le lui confesse : "Tu as été un porte-bonheur dans ma carrière. Ma première interview pour Paris Match, c'était grâce à toi. Idem à TF1 quand je suis allé sur le tournage de Barocco à Amsterdam. Par la suite, tu as inauguré toutes mes émissions et participé au lancement de Canal+." Qui de mieux placé donc pour fêter les 30 ans de la chaîne face à Michel Denisot ?
Ex-président du club de foot de Châteauroux, Michel Denisot fut avant tout celui du Paris Saint-Germain. La glorieuse période Canal qui vit les stars défiler au sein du club de la capitale, avant la galère des années 2000. A partir de 1989, il fut à la tête du PSG, ce qui fut à l'origine de plusieurs anecdotes, dont une qu'il livre à son ami Gérard Depardieu : "Un soir, en 1996, Johnny était venu pour la première fois au Parc des Princes, il me croise et me lance surpris, sur un ton lunaire : 'Salut ! Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?' "
Aujourd'hui, Michel Denisot confie être à un moment de sa vie où il se sent "plus apaisé" et essaie "de passer du temps en famille". D'autant plus depuis ce jour de mai 2013, où, lors d'un Grand Journal présenté en direct depuis la Croisette à Cannes, un homme avait fait feu avec des balles à blanc. "Je me souviens de cette phrase du président de l'AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, qui voulait me rassurer : 'Ca fait toujours ça, la première fois.' ", confie l'animateur en guise de conclusion...
Gérard Depardieu interroge Michel Denisot, un entretien à retrouver dans le Journal Du Dimanche du 2 novembre 2014