Le Racing Club de Lens, club historique et populaire du championnat de France, connaît de gros remous en ce début d'année 2012.
Le club a toujours autant de difficultés en Ligue 2, et son président Gervais Martel vient de passer près de 24 heures en garde à vue avec la Brigade financière de la police judiciaire de Lille et pourrait être mis cet après-midi en examen pour corruption privée, abus de bien social et recel.
C'est le procureur de la République Hugues Weremme qui l'a annoncé au cours d'une conférence de presse tenue en compagnie de la directrice adjointe de la PJ lilloise, Mme Caillat. Il a également expliqué les causes de cette affaire où il est question de grosses sommes d'argent : "L'origine des fonds était identifiable puisque les chèques venaient de deux sociétés de BTP installées dans le Nord (Ramery et Rabot Dutilleul). Une enquête a été ouverte et confiée à la PJ de Lille. Au cours de celle-ci, différents éléments ont été recueillis. Premièrement, un engagement pour les éventuels travaux du stade Bollaert en faveur des entreprises Ramery et Rabot Dutilleul. A l'époque des faits, en 2010, ce sont des rapports entre sociétés commerciales privées sur lesquels il n'y a pas d'autres remarques à faire. Deuxièmement, un contrat de prêt a été consenti par ces sociétés de BTP avec et pour destination, au fond, de conforter la participation de M. Martel au capital de GM Finances, la holding qui détient le RC Lens, mais aussi que cinquante pour cent des sommes étaient prêtées à des fins personnelles."
Au coeur de l'enquête, trois prêts pour un montant total de 4 millions d'euros repérés par la TRACFIN (une cellule qui enquête sur le blanchiment d'argent et le transit d'argent clandestin) sur le compte de Gervais Martel en 2010. Ces prêts auraient été accordés par deux entreprises de BTP, Ramery et Rabot Dutilleul, dont certains cadres ont également été placés en garde à vue, comme la femme de Gervais Martel, contre l'assurance de participer à la rénovation du stade Bollaert où évolue le RC Lens.
Du côté des deux entreprises de BTP, on assure que les prêts consentis à Gervais Martel l'ont été dans la légalité la plus totale. Selon La Voix du Nord, Rabot-Dutilleul évoque "un prêt personnel consenti en juin 2010 à des conditions habituelles". Alors que Ramery, considère que le prêt "a été fait dans le respect de l'intérêt social du groupe et mentionné en toute transparence dans (ses) comptes, conformément à la législation".
Mais ce n'est pas suffisant pour convaincre les enquêteurs qui avait perquisitionné après une première audition de Gervais Martel, le 17 novembre 2011. Ce dernier avait évoqué une "affaire privée" qui ne concernait en rien le RC Lens.
"Gervais Martel et deux dirigeants des deux sociétés sont déférés au Parquet. En l'état, il y a suffisamment d'éléments pour saisir un juge d'instruction au motif de corruption passive, abus de bien social et recel", a indiqué le procureur.
Les trois hommes ont donc été présentés vers 16h au tribunal de grande instance d'Arras où un juge a décidé que le président du RC Lens serait mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et corruption privée passive. Philippe Beauchamps et Jean-François Dutilleul, quant à eux, ont été mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et corruption privée. Ils ont été laissés libres.
Gervais Martel a annoncé qu'il contestait vigoureusement les termes de cette mise en examen.