En libérant sa parole, Judith Godrèche, comme toutes les autres supposées victimes, ne pensait sans doute pas avoir elle-même à faire face à la justice quelques mois plus tard. En février dernier, l'actrice de 52 ans accusait Benoît Jacquot, dont elle fut la compagne, de viol et Jacques Doillon, d'agression sexuelle. Des faits commis en 1989, quand elle était âgée de 15 ans, que le cinéaste décrivaient comme "des mensonges."
D'après les déclarations de Judith Godrèche, le cinéaste lui aurait "mis les doigts dans la culotte" pendant des essais pour un film. Face à ces accusations, Jacques Doillon a décidé de ne pas en rester là. Le cinéaste de 80 ans a décidé de porter plainte contre Judith Godrèche pour diffamation. Une annonce que la principale intéressée a faite en personne sur son compte Instagram : "Je reçois à l'instant un avis préalable de mise en examen suite à la plainte de Jacques Doillon. [...] Je n'ai pas compté le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles déposées contre Jacques Doillon. Je sais bien que la mienne est prescrite. Mais sa plainte en diffamation ne l'est pas. La mise en examen, dans ce cas, est automatique. Mais quand même..."
Elle poursuit : "En recevant ce document, j'ai pensé à la lettre qu'il m'avait envoyée chez mes parents. Dans laquelle il se comparaît à un porc. Un porc jaloux de Benoît Jacquot. J'avais 15 ans. C'est donc la dernière fois qu'il m'a écrit. Et j'ai passé une vie à repeindre la chambre en rose - une chambre dans laquelle personne n'est poursuivi en diffamation car personne ne porte plainte pour viol. Non plus. Alors voilà, cette vie en rose est différente de la vie que je vis. Mais au moins, ma vie d'aujourd'hui, elle dit la vérité."
Cette situation, Judith Godrèche ne cache pas en souffrir : "Quand tu pleures chez toi après avoir reçu un avis de mise en examen pour diffamation lié à la plainte déposée par ton agresseur - que le plombier va sonner d'une minute à l'autre pour réparer la chaudière, que t'essaies d'être bonne actrice et de faire comme si de rien n'était" écrit-elle en story (voir notre diaporama). Elle explique dans une autre story être surveillée sur les réseaux sociaux : "Quand tu sais que l'avocate de Jacques Doillon a mis quelqu'un pour surveiller ton Instagram et qu'elle a envoyé depuis cette plainte des avertissements à ton avocate. Comme c'est étrange dans le fond d'imaginer être dans cette ligne de mire."
Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont été entendus début juillet par la Brigade de protection des mineurs (BPM). Une enquête avait été déclenchée par le parquet de Paris pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité, après une plainte déposée par Judith Godrèche.
L'avocate de Jacques Doillon, Me Marie Dosé, avait dénoncé en juillet l'atteinte à la présomption d'innocence de son client et le cadre de son audition. Jacques Doillon "aurait dû être entendu dans le cadre d'une audition libre au vu de l'ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l'inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête", avait souligné Me Dosé.
Jacques Doillon reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier par la justice.