L'homosexualité et le domaine sportif ne font toujours pas très bon ménage, hélas, même en 2021. Heureusement, certains athlètes osent crier leur vérité, comme l'a fait Guillaume Cizeron l'année dernière. Le 17 mai précisément, à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie, le jeune patineur artistique avait partagé une jolie photographie en compagnie de son petit-ami sur son compte Instagram pour "célébrer l'amour". Pris dans un élan de courage, il avait plus largement évoqué sa situation sentimentale, et ce qu'elle impliquait professionnellement, auprès des journalistes de L'Equipe. Il sort aujourd'hui un ouvrage confession intitulé Ma plus belle victoire.
Il est vice-champion olympique, quadruple champion du monde mais, en 2020, son nom a davantage été associé au terme "coming-out". "Je n'aime pas du tout ce mot, cette espèce de coutume de la société qui dit que les personnes LGBT doivent dire avec qui elles couchent, explique le partenaire de Gabriella Papadakis dans les colonnes du Parisien. Je trouve ça vulgaire d'avoir à le faire. Je n'avais pas du tout l'intention de m'épancher mais les éditions XO m'ont contacté." C'est ainsi que les lecteurs découvriront le parcours émotionnel du sportif de 26 ans à travers ses mots mais aussi ceux de ses parents, dont son père, qui a parfois pu avoir des paroles "blessantes".
Quand on te dit que tu es une tapette, que tu es une merde, tu finis par penser que tu es une merde
Aujourd'hui, Guillaume Cizeron est une star internationale de la danse sur glace. Mais il n'aurait jamais cru à une telle destinée alors qu'il était petit, et qu'il se faisait insulter pendant la récréation. "On se construit beaucoup dans le regard des autres. Quand on te dit que tu es drôle, beau ou intelligent, ça devient une espèce de valeur pour toi. Tu forces même peut-être le trait parce que tu sais que tu vas plaire avec cette qualité. Quand on te dit que tu es une tapette, que tu es une merde, tu finis par penser que tu es une merde, regrette-t-il. Quand on t'humilie, tu finis par avoir vraiment honte et ce sentiment s'ancre très fort. C'est dur de déconstruire les croyances qu'on a sur nous-même, comprendre qu'on n'est pas forcément comment les gens nous définissent. C'est le travail intérieur de toute une vie..."
Il a longtemps cru qu'il vieillirait et mourrait seul, "dans le secret", qu'aucun happy ending n'était possible pour les membres de la communauté LGBT. L'avenir lui a donné tort. Outre cette exode littéraire, Guillaume Cizeron s'apprête à rejoindre la patinoire de Montréal pour préparer l'or aux JO de Pékin de 2022. Autant dire que les critiques que peuvent provoquer la sortie de son ouvrage le laisse de glace...
Retrouvez l'interview de Guillaume Cizeron dans le journal Le Parisien du 29 avril 2021.