L'acteur Hans Meyer, dont le public français se souviendra longtemps encore pour sa fugace apparition en officier SS dans le classique de Gérard Oury La Grande Vadrouille, est mort le 3 avril 2020 à l'âge 94 ans. Crédité d'une carrière internationale et connu outre-Manche notamment pour son rôle dans Colditz, série des années 1970 (aussi diffusée en France par TF1) centrée sur le quotidien de prisonniers de guerre incarcérés au Château de Colditz durant la Seconde Guerre mondiale, il a collectionné en France les rôles mineurs mais marquants, croisant aussi bien Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Louis de Funès et Stanley Kubrick que la bande de La Beuze avec Michaël Youn et Vincent Desagnat.
Originaire d'une toute petite ville de l'ouest de l'Afrique du Sud, Paulpietersburg, Hans Meyer avait débarqué en Europe, plus précisément à Londres, dans sa vingtaine. Rapidement remarqué en raison de sa "gueule" typée, qui lui permit d'être enrôlé pour de nombreuses campagnes publicitaires (cigarettes, spiritueux...) à travers le Vieux Continent, et ensuite installé à Paris au début des années 1960, il avait fait ses débuts au cinéma avec un petit rôle de malfrat devant la caméra de Jean-Luc Godard dans Pierrot le fou (1965), porté par un Jean-Paul Belmondo qu'il recroisera quelques années plus tard dans Le Magnifique (1973) de Philippe de Broca, dans lequel lui-même joue le colonel Collins.
Entretemps, Hans Meyer a campé pour Gérard Oury dans La Grande Vadrouille (1966) l'officier nazi Otto Weber, qui se retrouve comiquement "bombardé" de peinture lorsqu'un parachutiste atterrit sur la nacelle d'Augustin Bouvet, héros malgré lui joué par Bourvil dans la comédie culte. On le revoie ensuite en mercenaire dans Les Aventuriers (1967) de Robert Enrico, avec Lino Ventura et Alain Delon, à nouveau en officier SS dans Le Crime de David Levinstein (1968) d'André Charpak, en grand méchant dans Coplan sauve sa peau (1968) d'Yves Boisset, où il joue le frère maléfique des deux héros interprétés par Claudio Brook et Margaret Lee, en flic aux méthodes rugueuses face à Michel Constantin dans Les Etrangers (1969) de Jean-Pierre Desagnat...
Les rôles de militaire ou de truand continuent de lui coller à la peau dans les années 1970 : colonel jaloux face à Louis de Funès dans Sur un arbre perché (1971) de Serge Korber, colonel dans Le Magnifique, officier prussien dans Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick, colonel allemand dans Le mille-pattes fait des claquettes (1977) de Jean Girault, tueur dans La Gueule de l'autre (1979) de Pierre Tchernia avec Michel Serrault, assassine dans un épisode de Commissaire Moulin (1981), bandit sur le retour au côté de Michel Piccoli pour Leos Carax dans Mauvais sang (1986). On le verra même, en 2003, en ex-officier SS dans... La Beuze, comédie réalisée par François Desagnat, fils de Jean-Pierre Desagnat qui l'avait dirigé 34 ans auparavant !
Son charisme et ses traits qui en imposent valent aussi à Hans Meyer, par ailleurs remarqué dans les années 1980 dans la série Guillaume Tell, des rôles de dignitaires ou de personnages autoritaires : ambassadeur dans Ville étrangère (1988) de Didier Goldschmidt avec Niels Arestrup, président d'une dictature du futur dans Bunker Palace Hotel (1989) d'Enki Bilal, Marquis dans Le Pacte des loups (2001) de Christophe Gans, inquisiteur dans un court-métrage (Sentence finale, 2005) avec Elodie Navarre. Après être apparu dans Ripoux 3 (2003) de Claude Zidi, il a offert une de ses dernières performances à Frédéric Zochjer pour HH, Hitler à Hollywood, avec Maria de Medeiros et Micheline Presle. Soit, au final, cinq décennies d'activité et une remarquable galerie de personnages bien trempés.
GJ