Quelques mois seulement après avoir célébré comme il se doit, c'est-à-dire à l'occasion de deux jours de concerts dispensés par une pléiade de légendes (six heures de Bruce Springsteen & guests durant la première nuit, mais aussi U2, Patti Smith, Simon & Garfunkel, Metallica, Lou Reed, Jeff Beck, Aretha Franklin, Stevie Wonder, Sting, Crosby, Stills and Nash...), son 25e anniversaire, le Rock and Roll Hall of Fame accueille ses nouveaux dieux.
En 2009, Jeff Beck, Metallica (dont la venue en Amérique latine a provoqué de graves débordements) ou encore Bobby Womack (le guest de luxe du nouveau single de Gorillaz, Stylo) rejoignaient la cohorte. Cette année, les cinq nouveaux admis sont Abba (ah bah oui...), Iggy and the Stooges, Genesis, Jimmy Cliff, et The Hollies.
Après avoir eu lieu à Cleveland l'an dernier - une délocalisation dans la ville qui abrite le Musée du Rock and Roll Hall of Fame qui aura lieu une fois tous les trois ans -, la cérémonie a fait son grand retour à Big Apple, au Waldorf Astoria.
Si on peut s'étonner de voir Abba, Genesis et Jimmy Cliff dans la même cour rock que celle d'Iggy, le profil des remettants et hôtes était également parfois étonnant : la sublime star de la country Faith Hill, l'éternel jeune premier Chris Isaak en complet bleu anachronique, Ronnie Spector, intronisée en 2007 avec The Ronettes, Adam Levine et Jesse Carmichael de Maroon 5, Wyclef Jean, Carole King, Phish, Fefe Dobson, Steve Van Zandt, Robin et Barry Gibb des Bee Gees...
Sans Peter Gabriel, Genesis a reçu la distinction après avoir assisté à la belle reprise du cultissime Watcher of the Skies par Phish, dont le fameux Trey Anastasio a adressé un hommage vibrant.
Joe Armstrong, de Green Day, a salué Iggy and the Stooges pour avoir symbolisé la "destruction du flower power avec la création du raw power (la force brute)", allusion habile à un album fondateur du groupe du Michigan. L'iguane, une fois débarrassé de sa veste et son T-Shirt, et ses acolytes (dont le revenant James Williamson) ont interprété Search and Destroy et, bien entendu, I Wanna be your dog, rejoints sur scène par Armstrong et Eddie Vedder (Pearl Jam).
Steve Van Zandt, le grand complice de Bruce Springsteen et son E Street Band, a intronisé le groupe culte de la pop sixties, The Hollies, en présence de... Graham Nash, membre du line-up originel de The Hollies : déjà intronisé en 1997 avec Crosby, Stills and Nash, il revenait pour retrouver Allan Clarke et chanter Bus Stop et Carrie Anne (avec Adam Levine) avant qu'un petit différend entre Pat Monahan, Terry Sylvester et Allan Clarke viennent pimenter les choses.
Jimmy Cliff a impressionné, à 61 ans, en entonnant majestueusement You can if you really want et Many rivers to cross, introduit au Rock and Roll Hall of Fame par son premier fan, Wyclef Jean.
Quant à Abba, contre toute attente, Benny Anderson et son ex-épouse Anni-Frid Lyngstad sont venues en tandem recevoir leur honneur décerné par les Bee Gees.
A noter que le traditionnel prix Ahmet Ertegun a été attribué à David Geffen pour l'ensemble de son oeuvre : le lauréat a eu le culot d'être modeste au point de déclarer qu'il "n'espérait pas ête intronisé pour la simple et bonne raison qu'il n'a aucun talent" - rien que Geffen records, label que ce producteur star fonda, peut se targuer d'avoir accompagné les plus grandes légendes du rock (de John Lennon à Nirvana, d'Aerosmith à Sonic Youth, des Eagles aux Guns...).
La salve finale conduite par Carole King a été tirée par un cortège d'artistes lancés dans des reprises de haute volée. Franchement, on aurait aimé y être...
G.J.