Oeil pour oeil, dent pour dent ! Pour Inès de la Fressange ce ne sont pas les catwalks, ni même les marches de Cannes, qui occupent son esprit en ce moment mais plutôt les salles d'audience et les prétoires. L'ex-mannequin, condamné en première instance par le tribunal de Tarascon (Bouches-du-Rhône) à détruire l'extension bâtie sur son terrain sans permis de construire, vient de faire appel de cette décision.
En effet, les avocats d'Inès de la Fressange ont contesté lundi 10 août 2015, devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, la démolition forcée d'un bâtiment d'habitation d'environ 100 m² en voie d'achèvement sur sa propriété située au lieu-dit Pas-de-Bouquet, près de Tarascon. Mes Charles Petit et Nicolas Polubocsko ont estimé que les travaux réalisés, selon le juge des référés, "en violation du Plan d'occupation des sols et des règles d'urbanisme", étaient régularisables. La SCI a rencontré les services municipaux d'urbanisme le 31 juillet à cet effet, ont-ils fait valoir.
Les avocats de la star se sont étonnés de la rapidité avec laquelle la justice lui a ordonné de détruire cette extension (elle était menacée de devoir débourser 300 euros par jour de retard) et ont considéré également que les conséquences du jugement étaient "manifestement excessives". Ils avancent ainsi que la démolition pourrait coûter 150 000 euros alors que la résidence principale de 280 m² avait été achetée par Inès de la Fressange pour 740 000 euros. Les hommes de loi ont aussi jugé "inenvisageable" le délai imparti par le juge des référés pour obtenir un permis de démolir avec un avis de l'architecte des bâtiments de France. Ils n'ont pas manqué en outre de relever un vice de procédure lors de l'audience devant le juge des référés le 23 juillet.
Toute l'histoire, révélée par le journal Le Canard enchaîné, est liée à l'Association pour la Défense de l'Environnement Rural (Ader), qui avait mis en branle le système judiciaire pour se plaindre que la construction, très avancée, avait été réalisée sans permis de construire, et soulignait qu'il s'agissait d'une zone ultraprotégée, inscrite à l'inventaire des Monuments historiques depuis plus de quarante ans. La propriété se situe au coeur de la Montagnette, un espace naturel protégé des Alpilles. Le juge des référés avait condamné la SCI Nine et Civil, dont Inès de la Fressange est gérante, à "remettre les lieux en l'état par la démolition du bâtiment sous astreinte".
Devant la cour d'appel, l'Ader a considéré pour sa part que, "en l'absence de permis de construire, il n'y a pas de permis de démolir à obtenir s'agissant de quelque chose qui n'existe pas". La décision de la justice suite à cet appel sera rendue le 17 août. Du côté de la Mairie de Tarascon, l'arrêté ordonnant l'arrêt des travaux et des opérations de défrichement et de coupe d'arbres non autorisées a été renouvelé le 24 juillet.
Thomas Montet