Cette fois, elle a fait machine arrière toute... Trop tard ! Ingrid Betancourt, qui avait réclamé à l'Etat colombien la semaine dernière, par le biais d'une demande de conciliation extrajudiciaire, la coquette somme de 5,5 millions d'euros (13 milliards de pesos) au titre de dommages-intérêts pour les torts moraux et financiers liés à son enlèvement par les Farc et à ses six années de captivité, s'est ravisée.
La divulgation de cette requête de l'ancienne sénatrice colombienne avait suscité une formidable indignation dans le pays dont elle briguait la présidence en 2002, lorsqu'elle se fit enlever dans la région de Caqueta. A tel point que, tandis que le ministère de la Défense et le palais présidentiel se défendaient en présentant une réponse indignée et accablante pour l'ex-otage des Farc, le vice-président lui décernait même le prix de l'ingratitude.
Un tollé qui avait obligé Ingrid Betancourt à s'expliquer publiquement : et, malgré l'assurance répétée qu'elle n'avait jamais voulu aller en justice (elle renonçait à un procès en cas d'échec de la conciliation), malgré une allocution larmoyante recueillie par une vedette de la télévision colombienne, dans laquelle elle affirmait avoir voulu "ouvrir une voie" pour l'indemnisation des victimes des Farc en Colombie, l'outrage ne semblait pouvoir être réparé.
Mardi, la branche administrative du parquet a ainsi annoncé qu'Ingrid Betancourt renonçait à sa demande. Un changement de cap qui ne lui évitera pas de payer les pots cassés : avec une cote de popularité en berne et une personnalité de plus en plus tendancieuse (l'enquête impitoyable de Mario Torres, dans son ouvrage Ingrid Betancourt, ce qu'elle n'a pas dit - Hermes éditions -, est édifiante à ce propos), ce sont également les prévisions d'écoulement de ses mémoires qui accusent le coup. Selon les médias colombiens, Même le silence a une fin, le récit de sa captivité qui doit paraître en septembre aux éditions Gallimard, est loin de figurer dans les priorités des commerçants : les librairies de Bogota ont commencé à réduire considérablement les commandes du livre d'Ingrid Betancourt ! A titre d'exemple, la plus grosse librairie de la capitale colombienne avait passé une commande de 12 000 exemplaires, qu'elle a annulée pour la remplacer par une commande de seulement 2 000 exemplaires...
G.J.