L'unique double gagnante de Koh-Lanta, en 2005 et 2018, fête ce 1er octobre ses 40 ans. L'occasion pour elle de faire un point sur sa vie, de constater qu'elle est aujourd'hui plus heureuse qu'à 20 ans, de nous parler de son amour pour Marie, des projets fous qu'elles lancent toutes les deux mais aussi de l'éducation de ses enfants. Confidences d'une aventurière...
Qu'allez-vous faire pour vos 40 ans ?
Je ne suis pas trop fêtes, donc ça va être au calme entourée de mes enfants, de Marie et de mes proches, et ce sera très bien comme ça.
Et ce cap de la quarantaine, vous l'appréhendez comment ?
Ça ne me fait pas grand-chose. Il va me permettre de regarder un peu en arrière mon parcours. Je sais aujourd'hui ce que j'ai envie de faire et ce que je n'ai pas envie de faire. C'est une étape, et elle ne me fait pas peur. Je suis beaucoup plus épanouie à 40 qu'à 20 ans.
Grâce à quoi ?
À un cheminement personnel. Je pense que plus on vieillit, mieux on se connaît. C'est un des chemins du bonheur. Je suis très bien dans mes bottes, alignée avec ce que je suis, ce que j'ai envie de faire aussi bien au niveau personnel que professionnel. Pourvu que ça dure.
Dans votre tête, vous avez quel âge ?
Justement, j'ai eu une discussion avec Marie, ma compagne, à ce propos récemment. Dans ma tête, je n'ai pas du tout l'impression d'avoir 40 ans. J'ai encore plein de projets, plein d'énergie, l'impression d'avoir 25 ans.
Le corps a l'air d'aller bien aussi...
J'ai un rythme de vie parfois un peu bousculé, parce qu'une partie de mes activités professionnelles, c'est de travailler la nuit dans le bar boîte que nous tenons avec Marie à Cherbourg. C'est mon seul déséquilibre. À côté de ça, je mange sainement, je ne fais pas trop d'excès, à part quelques-uns, pour s'amuser mais pas plus que ça. Et puis il faut savoir profiter de la vie tout en se préoccupant de son corps et de sa santé.
Travailler la nuit, ce n'est pas trop dur ?
On vit un peu en décalé. Je récupère moins bien qu'il y a 15 ans, mais ça reste une activité qui me plaît parce qu'il y a du contact, des humains, on fait passer de bonnes soirées aux gens.
Vous envisagez de garder le bar encore longtemps ?
On commence à réfléchir à une suite. Il faut que ça se fasse naturellement. Le jour où ça se fera, ce sera forcément une page qui se tournera parce que moi, je fais ça depuis mes 23 ans. Si je quitte ça, je ferai autre chose. Je me suis toujours dit que le côté médiatique, ce que je fais à la télé, les séances de dédicaces, c'est une partie de ma vie, mais je veux absolument garder une activité professionnelle classique à côté parce que c'est ce qui me fait être équilibrée. Ça permet de garder la tête sur les épaules et puis aussi, d'avoir cette liberté énorme de faire les bons choix. Je ne me sens jamais obligée de faire des choses pour le côté financier, je les fais parce que j'en ai envie et que ça me correspond.
La clientèle de votre bar vient pour voir Clémence de Koh Lanta ?
Peut-être la première fois. Mais s'ils ne sont pas satisfaits, Clémence ou pas, ils ne reviendront pas. C'est à nous et aux équipes de faire le travail pour qu'ils aient envie de revenir, pour fidéliser notre clientèle. Même si c'est dans le milieu de la fête et de la nuit, ça reste une entreprise normale.
Vous vous êtes lancée avec Marie dans une entreprise un peu folle dans l'immobilier, racontez-nous ?
On avait déjà quelques petites expériences en travaux, mais c'est vrai que le pari était un peu fou, surtout venant de deux femmes. Mais j'ai cette impression qu'avec Marie, on peut se lancer n'importe quel défi parce qu'on se complète vraiment. Et on s'est dit pourquoi pas ? Déjà pour le challenge, et puis pour construire, ensemble, notre futur. On a racheté un immeuble de bureaux et on l'a transformé en sept appartements. Ça a été des mois et des mois de travaux, d'efforts, parce que même si on a été aidée par des artisans, on s'est gardé une partie du travail. C'était important pour nous de mettre la main à la pâte. On a appris énormément, on dû faire, défaire, refaire. Comme une aventure avec des hauts et des bas, mais qui nous a encore plus soudées, Marie et moi parce qu'on s'est serré les coudes pour en venir à bout.
Quel genre de galère avez-vous rencontrées ?
C'est un immeuble ancien, donc on voulait garder les parquets. On les a donc tous poncés, on les a vernis, et puis on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas assez d'isolation entre les étages. On a dû en fait isoler et poser un parquet flottant sur notre beau parquet rénové. On a donc passé un mois et demi à travailler, pour rien. Mais ce n'est jamais pour rien, on a appris... Des galères comme ça, il y a en a eu beaucoup.
Travailler en couple, ce n'est pas trop dur ?
On travaille déjà en couple dans notre bar et notre boîte de nuit. À la base, Marie était ingénieure à Cherbourg, et elle a laissé son travail pour venir monter la boîte de nuit avec moi. C'est courageux, tout le monde ne l'aurait pas fait, mais je pense qu'elle s'épanouit aussi dans cette vie. Nous collaborons dans nos entreprises, et pour les travaux, on se complète.
Ce projet immobilier c'est aussi une opération financière intéressante ?
Oui, effectivement. C'est une aventure, mais c'est aussi une façon d'assurer nos arrières puisque nous sommes à notre compte dans le bar et qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait. C'est un moyen de préparer l'avenir, et ça a tendance à me rassurer.
Comment s'est déroulée la rentrée de vos fils, Louis et Marin ?
Tout s'est très bien passé. On trouve un équilibre familial qui est très important pour moi. Marin va avoir 10 ans le 14 octobre, donc dans 15 jours, et Louis aura 12 ans en décembre.
Ils sont sportifs, comme vous ?
Ils font beaucoup de foot. C'était important pour moi qu'ils trouvent une passion, comme moi j'ai eu le tennis. En plus, c'est un sport collectif, donc c'est très bien comme ça.
Comment gérez-vous les écrans des enfants ?
Ça me préoccupe comme beaucoup de parents. Louis est en cinquième et j'estime qu'il est encore trop tôt pour qu'il ait un portable. On tient bon par rapport à ça, pour qu'il garde un regard ouvert sur l'extérieur. Après, ils ont une console, ils jouent à FIFA... mais je suis très vigilante par rapport aux réseaux sociaux. J'ai conscience que c'est un combat que chaque parent essaie de mener. Aller contre, ce n'est pas possible, mais garder un oeil ouvert c'est important.
Si, dans cinq ans, Louis vous dit : "Je veux faire Koh-Lanta", vous lui dites quoi ?
Ça m'a tellement apporté que je serais mal placée pour lui dire de ne pas le faire. Ce serait très bien pour lui. Qu'on gagne ou qu'on perde, Koh-Lanta reste une magnifique aventure qui fait grandir. Je pense qu'aucun candidat ne dira le contraire.
Quelle mise en garde lui feriez-vous ?
"Avant de dire des choses et de t'exprimer, réfléchis bien pour ne pas le regretter après. Ce que tu dis, il faut que ça te ressemble, que ça corresponde à tes valeurs. Et agis toujours tel que tu es vraiment, que la télé ne te change pas tes valeurs personnelles."
Avez-vous réfléchi longtemps, Marie et vous, avant de rendre publique votre relation ?
Forcément parce que ça allait impacter nos familles, les enfants aussi. Il fallait faire quelque chose qui nous ressemble. Je l'ai fait aussi parce qu'il y avait un Koh-Lanta qui allait être diffusé, on venait de le tourner. Ça faisait alors deux ans qu'on était ensemble avec Marie et je n'en avais pas parlé. Koh-Lanta, c'est une médiatisation importante, on n'avait pas envie que l'info sorte n'importe comment. Donc on s'est mis d'accord, on s'est dit : "Nos familles sont maintenant habituées à la situation. Les enfants, pareil. Donc c'est le moment de dire publiquement la vérité avec des mots simples. Pas pour être des porte-drapeaux, parce que je n'aime pas trop cette notion-là, mais juste pour dire : "Ecoutez, voilà, ça m'est arrivé, c'est ma vie, et puis je suis heureuse comme ça." Je craignais un peu le regard des réseaux et des gens, et je dois dire que j'ai eu 99 % de retours positifs et bienveillants, et ça m'a donné de l'espoir et ça m'a rassurée par rapport à mes enfants, par rapport à Marie.
Votre relation avec Marie ne vous a jamais valu de désagréments ?
Non. Comme quand j'ai fait Danse avec les stars avec une femme. C'était un choix fort et assumé. Je savais très bien que je ne gagnerais pas et que je serais éliminée très rapidement, parce que je ne sais pas danser, mais participer avec une femme avait beaucoup de sens. Je crois que ça a été bien accueilli. Par ma communauté, en tout cas, c'est une évidence. Je lis tous les messages qu'on m'envoie, j'essaie d'y répondre au maximum. En revanche, je ne vais pas lire les commentaires écrits sous les articles qui me concernent. Ils peuvent être moins positifs. J'ai pris le parti de me concentrer sur les gens qui me suivent et qui m'apprécient. Et je pense que dans la vie, c'est ce qu'il faut faire. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Vous avez des projets personnels avec Marie ? Un mariage ?
On est pacsées et pour l'instant, le pacs nous convient bien. Même si je serais ravie d'être mariée à Marie, mais le côté grande cérémonie, grande organisation, c'est pas trop mon truc..
Et la question d'avoir des enfants ensemble, c'est quelque chose que vous envisagez?
C'est quelque chose qu'on garde pour nous.
Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention Purepeople