Aïcha, c'est un véritable carton sur France 2. Un téléfilm qui a réuni pas moins de 5,3 millions de téléspectacteurs sur France 2 en 2009. Mais c'est aussi la sublime Sofia Essaïdi qui fait ses premiers pas de comédienne. Et enfin, c'est avant-tout une amitié forte et indestructible entre deux femmes authentiques : Yamina Benguigui, la réalisatrice, et Isabelle Adjani, qui figurera au casting du second épisode, pour un vrai clin d'oeil !
A l'occasion de la diffusion du second volet intitulé Aïcha, job à tout prix le 2 mars - le troisième volet La grande débrouille a été tourné il y a peu -, les deux amies Isabelle et Yamina se confient lors d'une interview croisée remontant jusqu'à leurs enfances respectives, si communes, dans les pages de Gala.
D'origine algérienne toutes les deux, la sublime Isabelle - papa algérien et maman allemande - et Yamina - ses deux parents sont algériens - ont beaucoup de points communs. Lorsque notre Isabelle nationale, considérée comme l'une des plus belles actrices du monde, a vu pour la première fois le documentaire Mémoires d'immigrés (1997) réalisé par Yamina, elle y a reconnu beaucoup de choses de son enfance : "J'ai revécu des moments d'enfance à Gennevilliers. On habitait une HLM, il n'y avait pas de rideaux aux fenêtres, mais des bâches bleues, froides... Je voulais m'évader de cette condition qui isolait, condamnait. Ce qui m'a sauvée, c'est de pouvoir m'exprimer."
Dans Aïcha, la figure paternelle représentée à travers le père d'Aïcha monsieur Bouamazza est au coeur de l'histoire. Isabelle et Yamina qui s'opposait récemment à Eric Zemmour, plus virulente que jamais, se rappelle chacune de ce père, sévère et dominant. Isabelle Adjani confie : "Moi, j'étais punie pour tout et de tout. Ce qui m'a conduite très tôt à un certain mysticisme d'ailleurs, pour pouvoir supporter ce que je subissais - que ce soient des corrections corporelles ou morales. Je me suis tenue en vie, droite, en me dépassant. A l'inverse, mon frère, lui, en a porté les stigmates jusqu'à sa mort récente (Eric, son petit frère est décédéle 26 décembre, ndlr). Les filles ont une capacité de résilience inouïe, mais un garçon peut être brisé. Il l'a été. J'ai assisté à ça en tant qu'aînée, impuissante. On a eu des enfances violentes."
Yamina, elle, n'a pas revu son père depuis des années : "Je n'ai jamais pu revoir mon père. Pendant longtemps, même mariée, avec mes deux filles, je savais que si je le voyais, s'il me faisait signe de rentrer, j'aurais lâché enfants, mari, famille, maison, métier. Ce n'est que très récemment que je me suis dit que, peut-être, je pourrais lui faire face..."
C'est pour toutes ces raisons qu'Isabelle a été touchée par Aïcha, le téléfilm de son amie Yamina. Et c'est aussi pour cela qu'elle a accepté d'y participer à titre gracieux : "Participer à titre gracieux est bien sûr un acte amical, mais aussi une marque de soutien à la démarche sociale et politique de Yamina. J'aime son regard distancié dans l'humour sur les femmes des cités, sans aucune espèce de victimisation ou de positionnement victimaire."
A la question sur ce qu'elles pensent des événements dans le monde arabe actuellement, là encore, c'est une vision quasi commune : Pour Isabelle "ce qui fait la grandeur de ces révolutions c'est qu'elles sont fonciérement laïques" et pour Yamina, c'est "une jeunesse qui a soif d'égalité et que la religion peut se replacer naturellement, au coeur de chacun et chacune". En osmose les deux amies !
Retrouvez l'intégralité de l'interview croisée d'Isabelle Adjani et de Yamina Benguigui dans Gala, en kiosques demain, mercredi 2 mars.
Chloé Breen