C'est dans quelques jours que Jacques Dutronc donnera le coup d'envoi de sa tournée après 17 ans d'absence sur scène. Pour l'occasion, il s'est évidemment forcé à recevoir les journalistes, y compris Laurent Boyer dans sa propriété de Monticello sur l'île de Corse qu'il aime tant. Mais on n'interviewe pas Dutronc comme le premier artiste en promo venu : il n'a peut-être "rien à dire", comme il aime à le rappeler, mais il le dit avec style !
Dernièrement dans le magazine Elle, il multipliait les bons mots. Cette semaine dans Marianne, le journaliste ne prend même pas la peine de mettre de l'ordre, il publie les interventions de Dutronc les unes après les autres... dont voici un petit avant-goût :
"J'avais trouvé un virtuose à la guitare, mais il voulait s'imposer aussi en première partie. Je ne l'ai pas pris. Je n'aime pas cette façon de faire." Dutronc repart avec les mêmes musiciens : "Sur la dernière tournée, on parlait des gamins, des maisons à La Baule. Maintenant, on se montre les bilans sanguins et on évoque les problèmes de prostate..." Comme il l'a annoncé plusieurs fois, cette série de concerts sera la dernière. C'est son fils Thomas qui l'y a poussé. Et il aime chanter pour Françoise Hardy. Elle n'était pas pour au départ, puis elle l'a vu en répétition et a trouvé ça "génial". La voix a pourtant changé, les habitudes de concert aussi : "Dans les années 60, les chansons étaient courtes, deux minutes trente. Je chantais seul quarante-cinq minutes. Aujourd'hui, deux heures... C'est trop long. On emmerde les gens. En plus, avec les rappels... C'est une connerie : je rêve d'un spectacle où je finis sur des chansons inconnues pour éviter les rappels. On se quitte sans regret."
Jacques Dutronc proposera tout de même 24 titres couvrant pour l'essentiel la période faste 1966-1975, ainsi que son tube Merde in France (1984) et Madame l'existence, tiré de son dernier album publié en 2003. Et pour tenir, il faut se préparer : "Je m'entretiens : je bois moins mais toujours un peu de vin rouge, c'est très bon pour les cordes vocales. Je ne peux pas arrêter le cigare sinon je tousse et je crache." Et puisqu'on parle de cigares, ses fameux Cohiba, il y a un détail qui a changé entre sa dernière tournée et aujourd'hui : L'interdiction de fumer dans les lieux publics. De fait, il négocie avec le Zénith de Paris pour pouvoir fumer sur scène...
Si l'envie de remonter sur scène lui a pris 17 ans après, ce pourrait-il qu'il réécrive un jour des chansons : il répond peut-être, puis non, laisse planer le doute comme dans Marianne : "Aujourd'hui je n'écris plus. Et je ne lis aucune des chansons qu'on m'envoie. Aucune ! De peur qu'on jour quelqu'un me dise si j'écris : vous m'avez volé mon idée. Et puis si c'est pour écrire une chanson provocatrice..."
"L'époque est à la provocation. Mais on sent bien que tout est préparé, rien n'est spontané. C'est la faute à Gainsbourg avec son billet brûlé. On sentait bien la mise en scène. Aujourd'hui, ils sont tous dans la provoc ou dans le jazz manouche !" Et un clin d'oeil à son fils Thomas qui triomphe avec sa tournée et son album Comme un manouche sans guitare.
Dutronc remonte donc sur scène à partir du 8 janvier à Evry, dans l'Essonne. Il compte enchaîner 52 dates dont 5, exceptionnelles, au Zénith de Paris. Bien sûr, il fait mine de ne s'inquiéter de savoir si le public va le suivre : "Pour l'instant, les locations se passent bien. De toutes façons, si les salles ne sont pas bourrées, je viendrai, moi, bourré."
Amen !