La nouvelle est tombée ce jeudi 20 février 2020 : Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur devenu L'Obs, est mort à l'âge de 99 ans. Comme l'a rapporté l'AFP, cette figure du journalisme et de la gauche est décédée mercredi soir. "Le plus prestigieux journaliste français s'est éteint. Il fut à la fois un témoin, un acteur et une conscience de ce monde", a témoigné l'Obs.
De nombreuses personnalités ont rendu hommage à ce lui qui, en 1964, avait fondé le Nouvel Observateur avec Claude Perdriel, pour finalement démissionner du poste de directeur de publication en 2008. "Par sa plume, sa culture, sa constance dans ses engagements, son courage physique et moral, il a été une conscience et un modèle pour ma génération", a témoigné Anne Sinclair. "Jean Daniel était une conscience. Une conscience pour la paix, pour l'indépendance des peuples, pour la gauche. Il continuera à inspirer ceux qui l'ont connu et lu", a déclaré François Hollande sur Twitter.
"Étincelant, exigeant, dans ses écrits comme dans la rencontre, il avait le premier ouvert les portes de L'Obs à SOS racisme et encouragé nos combats. Amoureux de la presse, des idées, il était une conscience et un repère", s'est souvenu Harlem Désir. "On peut ne pas partager ses idées, mais reconnaître son talent. Il a marqué l'histoire de notre profession", a commenté Robert Ménard, maire de Béziers et ancien secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). De son côté, Jean-Pierre Elkabbach s'est dit "bouleversé" sur Twitter : "Des générations lui doivent tout, il nous a inspirés : un exemple et l'honneur d'un journalisme exigeant."
Né le 21 juillet 1920 à Blida, en Algérie, Jean Daniel, né Bensaïd, combat dans les rangs de la division Leclerc. Dans l'après-guerre, il étudie la philosophie à la Sorbonne, puis entre en 1946 au cabinet de Félix Gouin, président du gouvernement provisoire. Se situant déjà dans le courant de la gauche non communiste, il fonde, en 1947, Caliban, une revue culturelle.
Au milieu des années 50, Jean-Jacques Servan-Schreiber l'engage à L'Express où il couvre la guerre d'Algérie. Il y reste huit ans, en devient le rédacteur en chef. Menacé de mort, inculpé pour atteinte à la sûreté de l'État, il défend l'indépendance algérienne. En 1961, envoyé spécial en Tunisie, il est sérieusement blessé à Bizerte par des tirs de l'armée française. Deux ans plus tard, c'est à Cuba, en plein entretien avec Fidel Castro, qu'il apprend la mort de John F. Kennedy, avec lequel il vient d'avoir un entretien.
Il a été l'ami d'Albert Camus, Pierre Mendès-France, Michel Foucault ou encore François Mitterrand. Après un bref passage au Monde, il reprend en 1964 avec l'industriel Claude Perdriel France Observateur qui devient Le Nouvel Observateur. Participant à tous les grands débats de l'époque, le magazine défend l'anticolonialisme, publie en une le "manifeste des 343 salopes" pour l'avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand.