Cette fois, il ne pourra pas s'en sortir par le silence, par une pirouette, par des franchouillards "oh putain !". Dimanche soir aux Etats-Unis, lors de la 85e cérémonie des Oscars au Dolby Theatre de Los Angeles, Jean Dujardin sera vraisemblablement bien obligé de prononcer quelques mots d'anglais, langue avec laquelle il éprouve quelques difficultés - un euphémisme. Un motif d'anxiété, mais aussi d'humour, comme on a pu le constater au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1 ce matin.
Par bonheur, un an après son triomphe et cette statuette reçue des mains de Natalie Portman, on n'attendra pas de lui, parmi la glorieuse assemblée de la grand-messe du cinéma, le discours vibrant d'un lauréat : on guettera sur ses lèvres qui de sa compatriote fraîchement césarisée Emmanuelle Riva (86 ans), pour Amour de Michael Haneke, de la benjamine Quvenzhané Wallis (9 ans), pour Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin, de la bombe incandescente Jennifer Lawrence, pour Happiness Therapy de David O. Russell, de la flamboyante Jessica Chastain, pour Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, ou encore de l'outsider Naomi Watts, pour The Impossible de Juan Antonio Bayona, se voit attribuer le saint graal du Septième art.
Jean Dujardin, qui s'est largement concentré dernièrement sur la promotion de Möbius au côté de Cécile de France, aborde visiblement sa mission avec une certaine angoisse. S'il a déclaré forfait pour la cérémonie des César vendredi au Théâtre du Châtelet afin de préparer dans les meilleures conditions son intervention aux Oscars, il a confié avant de décoller pour l'Amérique sa nervosité à Nikos Aliagas, pour Les Incontournables d'Europe 1. Un entretien diffusé dimanche matin à retrouver en intégralité sur le site de la station.
Il y est question de Möbius, bien sûr, mais aussi de ce qu'il va dire sur la scène des Oscars : "J'en sais rien (rires). Parce qu'ils m'ont proposé des trucs, mais un peu moisis... Déjà, je n'irai pas dans le "oh putain", je vais pas faire le malin. Déjà, je ne suis pas là pour moi, je suis là pour les actrices. Donc on va essayer de le faire euh... french flair, on va essayer de trouver un truc... [Il entonne Femmes, je vous aime :] "Femmes", peut-être chanter du Julien Clerc, ça peut être pas mal."
Quant à sa maîtrise de l'anglais, sur laquelle Nikos le presse en amorçant "women, I love you" et en demandant "ça y est, vous speak english fluently ?" : "Non, non, non, pas du tout. Y a rien à faire. Vraiment, je ne me donne pas les moyens, c'est un truc de fainéant. Je vais essayer d'apprendre un peu plus au mois de mars, pour le film de George Clooney, je vais apprendre mon texte, évidemment, comme j'ai fait pour le Scorsese, et je vais essayer de continuer derrière. Un jour, j'espère vous surprendre, me surprendre. Ce serait ma plus grande victoire. C'est l'ironie du truc, faire un film américain avec un anglais de cinquième, c'est ça qui me fait le plus rire."
Et à propos de victoire, un pronostic pour l'Oscar qu'il est chargé de remettre ? "Il y a une Française dans le lot. Secrètement, j'adorerais, c'est mon petit côté corporate."