Un homme de l'ombre qui a finalement rejoint la lumière. C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons la mort de Rémy Julienne, l'un des plus grands cascadeurs du cinéma français et international, le 22 janvier 2021. En réanimation, à l'hôpital de Montargis, depuis le début du mois, il a finalement cédé aux effets secondaires du coronavirus. Âgé de 90 ans, il avait mimé la mort et ses dangers à maintes reprises pour le septième art. Et s'il avait doublé les plus grands, Jean-Paul Belmondo tenait une place particulière dans son coeur.
J'ai toujours voulu travailler essentiellement avec lui
Collègues, puis finalement amis, ils ont fait ensemble les quatre cents coups. Rémy Julienne a assuré les cascades de Jean-Paul Belmondo sur quatorze tournages et a réalisé pour lui l'une de ses plus grandes prouesses : survoler les rues de Venise suspendu à un trapèze, accroché à un hélicoptère, dans le film Le Gignolo de Georges Lautner. "C'est bien lui qui m'a protégé si souvent et cela n'a évidemment pas de prix", explique Bébel dans un communiqué à l'AFP, dans lequel il résume cette si longue route par ces trois mots : amitié, confiance et fidélité. "Fidèle, il l'a toujours été, comme moi-même j'ai toujours voulu travailler essentiellement avec lui, se souvient-il. Devant son professionnalisme, son sérieux, sa détermination, mais aussi sa profonde humanité, je lui faisais une totale confiance et suivais à la lettre ses instructions."
Prendre sa retraite ? Jamais ! À 90 ans, Rémy Julienne prévoyait un ultime coup. "Il était un passionné, raconte Jean-Pierre Belmondo. Il y a encore quelques mois, il multipliait les appels pour me faire part de son dernier projet de cascade." Ancien champion de moto-cross, Rémy Julienne a travaillé sur près de 1400 films, clips et publicités. Présents dans six volets de la saga James Bond, il a tourné pour Gérard Oury, François Truffaut, Leos Carax ou Sydney Pollack. Sa carrière avait débuté, un peu par hasard, en 1964, alors qu'un autre cascadeur lui avait suggéré de le rejoindre sur le plateau de Fantômas. "J'étais champion de France de moto et il fallait quelqu'un de très précis pour piloter une moto et doubler Jean Marais, expliquait ce grand casse-cou. C'est tombé sur moi." Rigoureux, précis, infatigable, il avait notamment survécu à plusieurs infarctus et à plusieurs cancers. Satané pandémie...