Adoré, adulé, admiré, Jean Paul Gaultier fait bien souvent l'unanimité. Cette semaine, ce fut à son tour de passer sur le Divan de Marc-Olivier Fogiel pour un entretien-confessions au cours duquel le créateur de génie est revenu sur les moments marquants de sa vie. Parmi eux, la mort de son compagnon Francis, emporté par le sida en 1990.
Marqué à vie par la disparition de son compagnon qui lui a permis de lancer sa maison, Jean Paul Gaultier redécouvre sur le divan des images rares de celui qui lui a donné la force d'aller de l'avant. "Je l'ai connu en 75, je revenais des Philippines, il était juriste, ça a été le coup de foudre. Il était brillant. C'est lui qui m'a donné la foi de me jeter à l'eau avec ma marque", se souvient-il. Et d'ajouter : "C'est ensemble qu'on l'a lancée. C'est lui qui m'a donné cette force, cette énergie de faire quelque chose."
À la vue des images de Francis qui défile dans un long manteau sur l'écran géant du plateau, JPG ne peut s'empêcher de sourire et de commenter : "Il était très beau. Très élégant."
Mort en 1990 dans l'appartement qu'ils partageaient alors, Francis était bien plus qu'un simple amoureux. "Il était mon bras droit, mon bras gauche. J'ai été amputé", confie celui qui songera un instant à tout arrêter, pensant ne pas avoir le courage de mener les affaires sans son pilier, son partenaire. "Je ne rêvais même pas d'aller si loin dans mon travail. Tout ce qu'on avait fait ensemble, c'était comme nos enfants. Les collections, c'était nos bébés", précise-t-il.
Longtemps, Jean Paul Gaultier n'est pas parvenu à toucher à la chambre qu'occupait Francis dans leur appartement : pour avancer, il a dû déménager, explique-t-il.
Et aujourd'hui, bien qu'il ait retrouvé l'amour, Gaultier précise néanmoins qu'il ne vivra plus le même amour que celui qu'il a connu avec cet homme disparu.
"On a été ensemble, j'étais pas connu, j'ai vécu quelque chose d'unique. Même si c'est plus que douloureux sa mort, je ne regrette rien. Je ne voudrais pas ne pas l'avoir connu. Je peux supporter tout ça du moment que je l'ai connu", lâche-t-il face caméra. Un magnifique témoignage qui dévoile toute la sensibilité d'un créateur de génie mais d'un homme avant tout.
Également interrogé sur la question du sida, qui a emporté nombre de ses proches, Jean Paul Gaultier s'estime chanceux. "C'est quelque chose de terrifiant. Pour l'instant, le plus beau des vêtements, c'est le préservatif. Il peut sauver des vies."
Un entretien diffusé sur France 3 le 5 mai 2015 à 23h15 et à redécouvrir en replay.