Marqué à vie. Jean Paul Gaultier, créateur de génie jamais avare de rires et de sourires, reste une âme blessée par la mort, en 1990, de son amour, Francis Menuge. Un homme pour qui il avait eu le coup de foudre en le croisant avec un ami commun boulevard Saint-Germain à Paris, dans les années 70. Un homme dont le créateur se rappelle dans les pages du magazine Gala en kiosques depuis samedi 17 mars. Extraits.
Un coup de foudre
Tout de suite attiré par Francis, Jean Paul se souvient avoir eu un véritable coup de coeur pour celui qui sera son ami, son amant et son fidèle partenaire dans l'aventure de la mode.
"Il était extrêmement mignon, drôle, brillant, mais dans la conversation, je crois comprendre qu'il aime les femmes. Le soir même, Donald [leur ami commun, NDLR] me dit que je me trompe gravement, que je lui ai plu aussi et qu'il a demandé mon numéro de téléphone", raconte-t-il. Une histoire d'amour qui durera quinze ans, jusqu'à ce que la mort les sépare.
Nous sommes en 1990 et Francis est emporté par le sida. Une maladie qui le frappera à la fin des années 70 et qu'ils ont tenté de combattre ensemble. "Francis était décharné, affaibli mais il me répétait qu'il combattait, qu'il triompherait de la maladie" , confie le créateur de talent, qui fut même attablé tout près du président Mitterrand avec son compagnon dans leurs années de gloire, répondant ainsi à une invitation de l'Élysée. "Francis y est allé en jupe !", se souvient-il.
L'envie de tout quitter
Partenaires à la ville comme dans le travail, Francis et Jean Paul ont bâti la maison Gaultier et pris les rédactrices de mode par surprise en organisant leur premier défilé au Palais de la Découverte. "C'était un scientifique, tout le contraire de ce que j'étais", lâche Gaultier. Et le succès opère. Francis le businessman et Jean Paul le créatif seront encensés par la critique et aimés des stars comme Madonna.
À la disparition de Francis, Jean Paul souffre. Et se remet en question. "J'ai vraiment failli tout arrêter à la mort de Francis. Mais cette maison de mode, c'était notre bébé", dit-il. Et d'ajouter, dans une édition de 2014 du magazine Têtu : "J'ai continué pour nous. Et pour me changer les idées, j'ai multiplié les collaborations sur des films ou des concerts." Soigner le mal par le travail en somme, un pari fou qui a porté Gaultier aux sommets de la mode.
Entretien à retrouver dans le magazine Gala en kiosques le 17 mars.