Jean Paul Gaultier à l'honneur. Alors que le Grand Palais accueille une exposition retraçant son incroyable carrière, le magazine Paris Match, en kiosques le jeudi 2 avril, a rencontré l'enfant terrible de la mode qui n'est pas près de s'assagir ! Celui qui se décrit volontiers dans les colonnes du magazine comme un être "impatient" et "emmerdant" accepte de rouvrir les chapitres de sa vie et d'évoquer ses blessures. Extraits.
Une famille aimante
Si Jean Paul Gaultier avoue qu'il avait parfois "honte de vivre en HLM", le créateur de génie se souvient de sa famille, et, surtout, de sa grand-mère qui a su le guider dans son acceptation de soi.
"Je préférais aller chez ma grand-mère. Elle vivait dans un bel appartement à Arcueil", dit-il, et de poursuivre sur son homosexualité. "Adolescent, j'ai eu quelques aventures avec des filles, mais je ne savais pas trop. Ma grand-mère m'a fait lire une histoire d'amour qui traitait de l'homosexualité. Elle savait ce qu'elle faisait, elle avait sans doute lu ma destinée dans ses cartes. Elle m'a dit 'il faut être très gentil avec ces gens car ils sont malades'".
Sa vie amoureuse, marquée par la disparition de Francis, l'homme de sa vie emporté par le Sida en 1990, Jean Paul l'assume parfaitement. Et a toujours eu le soutien de ses parents. "Mon homosexualité n'a jamais posé de problème à ma famille. Lorsque j'ai présenté Francis à mes parents, ils m'ont à nouveau dit "Vous vous aimez, alors c'est très bien", confesse-t-il.
Un adulte blessé
Propulsé sur le devant de la scène après avoir fait ses premiers pas chez Cardin, Jean Paul trouve le courage de monter sa maison avec l'aide de Francis, son amant et partenaire dans cette grande aventure de la mode. Mais les années 80 et 90 auront un goût amer pour le couturier qui assiste en quelques années à la mort de son entourage solide...
Francis succombe au Sida, Jean Paul plonge dans une profonde tourmente et songe à tout arrêter. Mais c'était sans compter sa force de caractère, qui le pousse à s'investir davantage dans le travail (Haute Couture, costumes de cinéma etc..).
"J'ai traversé neuf ans de deuil. Ma grand-mère, ma mère, mon père puis Francis. Je pense souvent à eux et je leur demande de l'aide", raconte Jean Paul, adoré des stars et des femmes en particulier, qu'il sait sublimer. Aujourd'hui honoré à travers une grandiose exposition, le créateur garde néanmoins les pieds sur Terre. "J'espère que mes parents, ma grand-mère et Francis le sont. Mon oncle vient de mourir, il a vu les affiches, il était heureux. Moi, je n'ai pas à être fier. J'ai la chance de toujours exister et d'avoir encore le feu sacré", lâche-t-il.
Car à 62 ans, Jean Paul Gaultier a toujours l'envie et pense même à monter une revue "digne des Folies Bergères". Et l'amour dans tout cela ? Jean Paul assure avoir quelqu'un dans sa vie sans en dire davantage... Et de conclure : "Mon métier est ma grande maîtresse".
Interview à retrouver dans Paris Match, en kiosques le 2 avril