Jean-Philippe Ryopi est un homme comme tout le monde en France, pays où il est né. Mais en réalité, le pianiste de 38 ans est une immense star aux Etats-Unis. Ce succès, il le doit à ses mains de velours qu'il laisse se balader sur les claviers le temps de quelques minutes. Ces morceaux, prisés des yogis, figurent également dans les bandes-annonces de films tels que Shape of Water ou encore The Danish Girl, deux longs-métrages récompensés par de multiples Oscars. Personne, et encore moins Jean-Philippe Ryopi, n'aurait imaginé un tel succès pour lui. Cette Ryopi mania, c'est un peu sa revanche sur la vie, lui qui jusqu'à 18 ans, appartenait à un mouvement sectaire dans lequel il fut embrigadé par sa mère. Cette sombre époque, il l'évoque dans le portrait que Libération lui consacre ce jeudi 17 février : "Je joue avant tout pour me sentir bien, voire heureux, raconte-t-il. A défaut de pouvoir récupérer un jour toutes ces années de merde d'une enfance volée".
Le nom de la secte n'est pas dévoilé mais Jean-Philippe Ryopi raconte le quotidien subi pendant quinze longues années. Au quotidien, le pianiste détaille "les brimades et les frustrations", "l'emprise d'une gourou", la "maltraitance physique", "la persécution mentale" : "'au nom de Dieu', on épie les moindres faits et gestes d'autrui" est-il écrit. Jean-Philippe Ryopi avait, comme tous les enfants, l'interdiction de parler "sauf aux adultes" et surtout celle de prononcer le mot "maman".
Jean-Philippe Ryopi devait également pendant des heures "rester assis sur une chaise, sans rien faire, qui lui font développer un TOC, jamais abandonné depuis". Le musicien de 38 ans a la manie de "compter absolument tout, de manière symétrique". Ce trouble ne l'a pas empêché de tomber amoureux des touches noires et blanches qu'il avait sous le nez dans la "geôle" dont il s'est finalement libéré. Jean-Philippe Ryopi savoure aujourd'hui sa liberté retrouvée, son bonheur auprès de sa femme et de deux enfants et son anonymat en France, là où tout a commencé pour lui.