Grandeur et décadence... Ancienne numéro un mondiale de tennis, championne olympique à Barcelone 1992 et intronisée au Tennis Hall of Fame en juillet 2012, l'Américaine Jennifer Capriati ajoute une ligne à la liste de ses errements extra-sportifs.
Retraitée des courts depuis 2004 et des blessures qui ont mis fin définitivement à sa carrière, Capriati, 36 ans, a été inculpée mercredi 20 mars de harcèlement et violences à l'encontre de son ex-boyfriend pour des faits remontant à la Saint-Valentin 2013, selon une annonce faite jeudi par le tribunal du comté de Palm Beach (Floride) et rapportée par le Palm Beach Post. Laissée libre, elle comparaitra le 17 avril devant la cour pour s'expliquer sur son accès de violence à l'encontre d'Ivan Brannan, compagnon dont elle s'est séparée en février 2012 au bout d'un an de relation...
Le 14 février 2013, l'ancienne enfant prodigue de la WTA s'en était prise à son ex dans une salle de sport de North Palm Beach, le club Oxygen : alors que celui-ci faisait de la musculation, Jennifer Capriati s'était mise à lui hurler dessus, lui avait enfoncé le doigt dans la poitrine lorsqu'il avait voulu s'en aller avant de lui donner quatre coups de poing dans l'abdomen, selon le rapport de police. L'homme avait échappé à la fureur de son ancienne compagne en s'enfermant dans le vestiaire des hommes et en appelant les secours tandis que l'auteure de l'agression, qui vit sur Ocean Drive sur Singer Island, quittait les lieux. Dans son dépôt de plainte, Ivan Brannan explique que Capriati le harcèle depuis leur rupture en février 2012, et mentionne à charge qu'elle l'a obstinément, malicieusement et à maintes reprises suivi et harcelé physiquement ou par Internet entre le 16 et le 18 février. Ce jour-là, d'ailleurs, une collaboratrice de Brannan, effrayée, avait averti la police de North Palm Beach que Jennifer Capriati avait tenté de forcer la porte de leurs bureaux, fermée. Elle rôdait, en hurlant et en frappant aux vitres, et il s'agissait de la... neuvième intervention de la police entre Brannan et Capriati, qui, toujours d'après le même témoignage, appelait au bureau de son ex jusqu'à cinquante fois par jour.
"Les faits qui circulent concernant M. Brannan sont une exagération de la déposition de police qui n'a recueilli que le témoignage de celui-ci et non de Mme Capriati", a de son côté dénoncé l'avocat de Jennifer Capriati, laquelle, contactée par le Palm Beach Post, s'est refusée à tout commentaire.
Ex-enfant star qui s'est brûlé les ailes, révélée sur le circuit mondial à seulement 14 ans en 1990 et retraitée une première fois dès 1993, Jennifer Capriati a déjà un sérieux passif. Après plusieurs arrestations (vol à l'étalage d'une bague de 35 dollars en décembre 1993, possession de marijuana en mai 1994) dans les années 1990, et des confessions précoces en 1994 sur ses idées suicidaires motivées par son burn-out tennistique et ses relations personnelles, Capriati avait réussi un come-back éblouissant au début des années 2000. Mais, contrainte de renoncer au tennis pour raisons médicales, la championne replongera : en juin 2010, alors qu'à Londres Wimbledon bat son plein, elle est hospitalisée d'urgence en raison d'une overdose médicamenteuse accidentelle avec un médicament prescrit par son médecin personnel, retrouvée inanimée dans une chambre d'un hôtel de Riviera Beach, en Floride. Un épisode qui avait mis en évidence des problèmes de dépression chronique : selon Dale DaBone, qui fut le compagnon de Jennifer de 2003 à 2009, l'ancienne championne victorieuse de trois titres en Grand Chelem replongeait dramatiquement à chaque fois qu'un tournoi du Grand Chelem était disputé, désespérée d'avoir été contrainte d'arrêter le tennis et de suivre des traitements médicamenteux. En 2007, après une énième opération chirurgicale et se sachant condamnée à renoncer à sa passion, elle s'épanchait à nouveau sur ses penchants suicidaires : "Sans le tennis, je suis qui ? Je suis quoi ? Je ne peux pas continuer à vivre sans cela !"
Le prochain chapitre de cette triste saga aura lieu le 17 avril devant une cour de justice.