LCI a offert ce jeudi 17 février 2022 une longue tribune à Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget sous la présidence de François Hollande, pour sa première apparition télévisée une dizaine d'années après sa condamnation pour fraude fiscale à quatre ans de prison dont deux ferme. Très solennel et serein, après avoir fait visiblement une longue introspection, il a répondu aux questions de David Pujadas. Un entretien pour lequel il n'a souhaité éluder aucun sujet, sauf celui de son ex-femme Patricia Cahuzac, condamnée elle aussi pour la même affaire. Voulant parler à coeur ouvert pour faire amende, reconnaissant le mal qu'il a fait à ses proches comme aux citoyens et aux institutions de la République. C'est ainsi qu'il aborde les moments très douloureux qu'il a vécus depuis que cette affaire a éclaté en 2012 et notamment le jour où il a voulu mettre fin à ses jours.
David Pujadas demande à son invité ce qui l'a empêché de passer à l'acte, quand il s'est senti au plus bas, songeant véritablement à se suicider : "Mon fils, qui ne devait pas passer, que je n'attendais pas. Mon fils a sonné chez moi. Il ne savait pas ce qui se passait. Il a compris que je n'étais pas dans un état normal. D'abord il était étonné parce que je ne le faisais pas rentrer. (...) Il m'a juste posé une question : il a évoqué mon père et il a dit : 'j'ai 23 ans, est-ce que quand tu avais 23 ans tu avais besoin de Pierre [le père de Jérôme Cahuzac].' J'ai répondu : 'Bien sûr qu'à 23 ans, j'avais besoin de mon père.' Il m'a regardé et m'a dit : 'Bah moi c'est pareil.' J'ai compris que c'était fini, que cet échappatoire là, je n'y avais plus droit."
Jérôme Cahuzac a raconté dans cette interview-confession le chemin qu'il a fait depuis dix ans pour "réparer le mal qu'il a fait" à sa famille et toutes les personnes qui lui portent de l'affection. Père de trois enfants, il veut avancer et assure avoir payé sa dette. Après sa peine, qui a été aménagée et qu'il a pu faire sans passer par la case prison avec un bracelet électronique, Jérôme Cahuzac a repris sa casquette de médecin et fait des missions humanitaires au Bangladesh et en Guyane. L'homme qui s'est retiré de la politique exerce actuellement à l'hôpital de Bonifacio (Corse-du-Sud). Son seul souhait, que sa condamnation, qu'il accepte et ne commente pas, ne devienne pas un bannissement à vie.