Après de longs mois de procédure judiciaire, le couperet est finalement tombé pour Jérôme Cahuzac. Selon l'AFP, l'ancien ministre du Budget, qui avait des comptes cachés en Suisse et à Singapour, a été condamné jeudi 8 décembre à Paris à trois ans de prison ferme, sans aménagement de peine, pour fraude fiscale et blanchiment. Son avocat Jean Veil a annoncé immédiatement qu'il allait faire appel de ce jugement. C'est une lourde condamnation et si la peine se confirmait en appel, l'ex-ministre devra alors purger une bonne partie de ces trois années... derrière les barreaux.
L'ex-héraut de la lutte contre l'évasion fiscale a également écopé une peine de cinq ans d'inéligibilité, tandis que son ex-épouse Patricia a été condamnée à deux ans de prison ferme. Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Paris a dénoncé une fraude qui "s'enracine dans une organisation frauduleuse, systémique" et "la volonté résolue d'échapper à l'impôt". "Jérôme Cahuzac incarnait la politique fiscale de la France. [C'est] une faute pénale d'une exceptionnelle gravité, destructrice du lien social et de la confiance dans les institutions", a déclaré le juge selon France Info.
Le banquier suisse François Reyl a, lui, écopé d'un an de prison avec sursis et de 375 000 euros d'amende, tout comme l'intermédiaire Phillipe Houman. La banque Reyl, poursuivie en tant que personne morale, a été condamnée à 1 875 000 euros d'amende. L'établissement financier échappe en revanche à une interdiction d'exercer en France de cinq ans, réclamée par le parquet.
En décembre 2012, le site Médiapart avait révélé que le ministre du Budget, qui officiait alors au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, possédait un compte caché à l'étranger. Après avoir fermement nié ces accusations et s'être terré dans le mensonge, l'homme politique de 64 ans avait fini par passer aux aveux le 2 avril 2013, soit deux semaines après sa démission du gouvernement. Au total, le patrimoine global dissimulé par l'ex-couple Cahuzac est estimé à 3,5 millions d'euros. "On était conscients de l'illégalité" de ces pratiques, a dit l'ex-épouse, une "femme trahie" qui révélera elle-même aux juges l'existence d'autres comptes sur l'île de Man.