C'est ce qu'on appelle un fail. Et chez France Télévisions, notamment au niveau des commentaires sportifs, ce genre de dérapage arrive un peu trop régulièrement au goût des téléspectateurs, qui n'ont pas manqué par le passé d'épingler notamment les saillies misogynes de Philippe Candeloro. La nuit dernière, l'ex-champion Thomas Bouhail commentait des épreuves de gymnastique aux Jeux olympiques de Rio. Et ses commentaires humoristiques teintés de racisme ne sont pas passés inaperçus.
"C'est beau à voir cette équipe. On dirait un petit manga de là, il y a tous les personnages qui sont contents", s'est extasié l'ancien gymnaste alors que la délégation chinoise fêtait la belle prestation de l'une de ses athlètes. Et de récidiver, quelques minutes plus tard : "Et ce sourire là, vraiment... On se croirait dans un dessin animé, avec des petits Pikachu de partout", lâche-t-il, provoquant même l'embarras bien perceptible de sa partenaire au micro.
Alors, bien évidemment, Thomas Bouhail (ex-médaillé d'argent au saut de cheval lors des JO de Pékin) ne pensait pas à mal, lui qui paraissait très heureux pour les athlètes chinoises. Mais la maladresse et sa connotation raciste n'ont pas fait sourire les téléspectateurs des JO sur Twitter. "Commentaires de France 2 sur des athlètes asiatiques : 'On dirait un manga' ; 'Ce sourire, on dirait pikachu'. Tiens, on dirait un con", peste une jeune femme, alors que pour un journaliste, "France 2 est en roue libre". Une autre personne demande même à la chaîne de venir "ramasser [ses] commentateurs". Pour Arrêt sur Images, qui relaie les deux fameuses séquences, France 2 est "médaille d'or de la beaufitude".
La chaîne du service public a même réussi à se mettre à dos le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), qui a saisi "le CSA en raison du prisme colonialiste de France 2". Selon l'organisation, "la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques a donné lieu à un véritable festival d'erreurs, d'inepties et de propos colonialistes qui ont été tenus par Daniel Bilalian et Alexandre Boyon". En ligne de mire notamment, des propos du patron des sports du service public clamant que "le trafic d'esclaves a été nécessaire ici [au Brésil] pour le développement industriel". Le journaliste a alors déclenché l'ire de plusieurs observateurs, dont le CRAN pour qui ces propos sont "une présentation maladroite, pour ne pas dire équivoque, qui tend à minimiser, voire à justifier l'esclavage, qui fut un crime contre l'humanité".