"Des nations qu'on pensait indétrônables." A l'antenne de France Télévisions, dont elle est la consultante experte pour les épreuves d'équitation, Virginie Coupérie en était à court de superlatifs, mercredi 17 août 2016, alors que le quatuor français de saut d'obstacles venait de décrocher la médaille d'or par équipe aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Un triomphe inespéré, après bien "des malheurs" et alors que Kevin Staut, Pénélope Leprevost, Roger-Yves Bost - alias Bosty - et Philippe Rozier n'étaient classés que 5e à l'issue de la première manche, disputée la veille.
"C'est merveilleux, c'est fou ce qu'il vient de se passer. On a détrôné des nations qui étaient devant nous, les Etats-Unis, l'Allemagne. C'est vraiment les quatre Mousquetaires, ces cavaliers. C'est incroyable. Mais moi j'y croyais", a réagi à chaud l'éleveuse de chevaux et organisatrice du Paris Eiffel Jumping. Emue aux larmes, la Girondine a rappelé les malheurs de l'équipe de France, entre le forfait cruel de Simon Delestre, numéro un français et deux mondial dont le cheval s'est blessé dans les box, et la chute aussi impressionnante qu'improbable de Pénélope Leprevost en individuel... La cavalière française de 36 ans, 3e du classement mondial, a eu l'occasion de prendre sa revanche, et de quelle manière !
Huit jours après la joie du titre olympique des membres de l'équipe de France de dressage (Karim Laghouag, Thibaut Vallette, Mathieu Lemoine et Astier Nicolas, par ailleurs médaillé d'argent en concours complet individuel), leur homologues les ont imités et ont écrit une formidable page de l'équitation française : champions olympiques 40 ans après l'exploit de leurs prédécesseurs sacrés aux JO de Montréal 1976 ! L'histoire est d'autant plus belle que Philippe Rozier, remplaçant au pied levé Simon Delestre, succède à son père Marcel, l'un des quatre héros de Montréal. "Grâce à moi, mon père se fait un prénom", a-t-il joliment commenté quelques instants après la victoire.
Ce n'est pas la seule histoire de famille en or du jour : s'ils passent le plus clair de leur temps comme rivaux en individuel ou partenaires en équipe de France, dans ce sport qui a la particularité d'être mixte, Pénélope Leprevost et Kevin Staut sont en couple à la ville. "Si vous ne m'en aviez pas parlé, je n'y aurais absolument pas songé. Nous y sommes habitués. Nous n'y prêtons plus aucune attention", déclarait il y a peu le champion d'Europe 2009 au quotidien Le Parisien. "Nous avons une vie de couple qui n'est pas ordinaire non plus, complétait sa compagne. Nous sommes sans cesse sur la route aux quatre coins du monde. On passe quarante-cinq semaines loin de chez nous. Quand on a le bonheur de rentrer à la maison, on monte des chevaux toute la journée. On rate des choses, par passion. Je ne suis jamais là pour la rentrée scolaire de ma fille [âgée de 9 ans et issue d'une précédente relation, NDLR]. Avec Kevin, on ne se voit que sur les concours."
Pénélope Leprevost et Kevin Staut, qui avaient été en déroute aux Jeux de Londres 2012, nourrissaient ainsi une saine ambition pour Rio 2016 : "[Une médaille par équipe,] c'est notre objectif numéro un, ainsi nous serons tous les deux médaillés", disait-elle. Objectif atteint !
"D'immenses champions, des cavaliers avec un talent inoui qui ont aligné la perfection", a encore loué Virginie Coupérie-Eiffel, saluant tout ensemble le parcours "fabuleux d'orfèvrerie" de Kevin Staut, qui "peut le regarder en boucle", le "système fédéral qui fonctionne merveilleusement", "l'encadrement, les entraîneurs, le système, l'école française d'équitation". Sans oublier les quatre autres héros : les chevaux - Sydney Une Prince (Roger-Yves Bost), Flora de Mariposa (Pénélope Leprevost), Rêveur de Hurtebise (Kevin Staut) et Rahotep de Toscane (Philippe Rozier). "Il faut parler des chevaux. Qu'est-ce qu'ils sont gentils ces chevaux, avec cette chaleur écrasante, ils sont fatigués... La beauté, la bonté dans le regard de ces chevaux, c'est incroyable", a-t-elle à raison souligné.
GJ