JoeyStarr, Stomy Bugsy, Sniper : Revivez leurs dix années de guerre avec la sphère politique !
Publié le 14 août 2010 à 17:40
Par Nicolas D.
JoeyStarr et Kool Shen JoeyStarr et Kool Shen© Abaca
Stomy Bugsy et Passi
La meilleure des polices, Hamé de La Rumeur
Mais qu'est ce qu'on attend, de NTM en live
La France, de Sniper
Fransse, Monsieur R
Doc Gyneco
Sale Pute, de Orelsan
Sniper
Stomy Bugsy
Pierre Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Brice Hortefeux
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"La liberté d'expression, laissez-moi gol-ri...", c'est que chantait le groupe NTM il y a déjà 12 ans... Rien n'a changé puisque le gouvernement français tente par tous les moyens de contrôler les dires des artistes qui osent, de les étouffer, voire de leur faire payer leur excès de franchise !

Quand un pays punit la liberté, c'est que ça va mal. Le site internet lemonde.fr vient de publier un très bon dossier qui, exhaustif, retrace les dix dernières années de combat entre les politiques et le rap français. Un vrai combat acharné qui n'est pas près de s'arrêter : rappelons que le glaçant Brice Hortefeux vient de porter plainte hier contre le méconnu rappeur AbulX, pour un titre baptisé Tirer sur les keufs, à la demande des syndicats Alliance Police et Synergie officier.

Depuis bien longtemps les rappeurs sont en conflit avec les représentants de la République et de la démocratie, sur fond d'imbroglio entre réalité, volonté, délire artistique ou prise de position sans conséquences.

En 1995, souvenons-nous que le ministre de l'intérieur Jean-Louis Debré porte plainte contre le groupe Ministère Amer, composé de Passi, Stomy Bugsy et par intermittences de Doc Gyneco. Les syndicats policiers n'ont pas avalé un titre baptisé Sacrifice de poulet qui figurait sur la bande originale du film La Haine. Alors après s'être plaint au ministère, ils ont vu le groupe de rap se dissoudre après avoir été reconnu coupable d'incitation au meurtre et après avoir versé une amende de 250 000 euros.

L'année d'après, en 1996, comme si ça ne suffisait pas d'avoir foutu en l'air l'un des meilleurs groupe de rap du moment, le gouvernement s'attaque à NTM. C'est JoeyStarr qui après avoir scandé sur scène "Nique la police !", et "nos ennemis c'est les hommes en bleu", se voit infliger en première instance une peine de trois mois de prison avec sursis et une amende de 50 000 francs en appel. N'oublions pas que NTM avait déjà été attaqué pour Mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu, ou Police, mais sans conséquences judiciaires... L'acharnement est une belle preuve d'ouverture.

On passe à 2002, car sous Jospin, rien à signaler.

En 2002 donc, c'est un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur depuis peu, qui va s'en prendre à Hamé du groupe La Rumeur, l'un des groupes de rap conscient les plus évolués et aboutis de tous. De son vrai nom Mohamed Boroukba, Hamé a eu le courage d'écrire dans un fanzine, en pleine période de présidentielle, son point de vue propre, ce qui en soit n'est pas contestable. Voilà ce qu'il affirme : "Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun assassin n'ait été inquiété." Sarkozy porte plainte pour "diffamation publique". Le fanzine était tiré à moins de 10 000 exemplaires.

Hamé n'est pourtant pas sorti d'affaire, loin de là. Deux ans plus tard, il est relaxé. Précisons que Nicolas Sarkozy n'est plus ministre mais va le devenir à nouveau. A son retour, en 2005, il fait appel de cette relaxe. En 2006, le 22 juin, Hamé est à nouveau relaxé. Mais Nicolas Sarkozy ne va pas s'arrêter là ! Il se pourvoit devant la cour de cassation, qui casse le jugement et renvoie l'affaire en appel. Le 23 septembre 2008, Hamé est à nouveau relaxé avant de voir, après trois jours de répit, un second pourvoi en cassation. Il sera définitivement relaxé le 25 juin 2010. Il a donc vécu 8 ans de stress à cause de trois lignes dans un fanzine.

Retour en 2003 avec le groupe Sniper qui se voit ennuyé par Nicolas Sarkozy, très sensible au rap... dont son fils Pierre, alias Mosey, fait son métier. Pour la chanson La France, Sniper rend fou des groupuscules d'extrême-droite : par exemple, le Bloc identitaire lance une campagne contre ces rappeurs, en faisant pression sur les élus locaux pour les empêcher de se produire sur scène. Selon le père de Mosey, les membres du groupe Sniper sont des "voyous qui déshonorent la France". Il porte plainte, mais le groupe est relaxé à la demande du procureur.

En 2005, qui connaît François Grosdidier ? Qui à part ses quelques amis qui savent qu'il est député de Moselle ? Lui se retrouve propulsé sur le devant de la scène, entraînant dans sa folie 152 députés et 49 sénateurs UMP. Ils parviennent à demander au ministère de la Justice d'engager des poursuites contre 7 groupes de rap ou rappeurs. Le Ministère Amer, toujours lui, mais qui malheureusement n'existe plus depuis les années 90 - révise tes classiques, Grosdidier... Ainsi que l'excellent Fabe, Salif, le groupe Lunatic (ancien groupe de Booba et d'Ali, qui se sont séparés en 2002 - re-révise tes classiques...), Smala, Monsieur R et le 113. Que peuvent-ils peuvent bien leur reprocher ? Ils portent plainte pour "incitation au racisme" anti-blancs. Quelle victimisation facile, c'est d'ailleurs le message paranoïaque de l'extrême-droite. François Grosdidier affirme : "Le message de violence de ces rappeurs reçu par des jeunes déracinés, déculturés, peut légitimer chez eux l'incivilité, au pire le terrorisme". La plainte est rejetée.

Se trouvant brillant, et ne voulant surtout pas retomber dans l'anonymat, lui qui a goûté aux interviews et au fait de se voir en photo un peu partout, Grosdidier lance une proposition de loi visant à créer un "délit d'atteinte à la dignité de l'Etat et de la France". La loi ne sera jamais votée. Il voulait punir, car on ne critique pas la France. On l'aime ou on la kiffe... euh ou on la quitte pardon.

Grosdidier s'en prend ensuite, en 2006, au rappeur Monsieur R. Bien épaulé par le député Daniel Mach, il attaque Monsieur R pour "outrage aux bonnes moeurs", après la chanson qu'il n'a certainement jamais écoutée, intitulée Fransse, et une phrase en particulier : "La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser, comme une salope il faut la traiter 'mec'." Le clip aussi est mis en cause. En effet, "des femmes dénudées se frottent contre le drapeau français", et ça, les deux parlementaires ne peuvent le laisser passer. Monsieur R est relaxé en juin 2006. Grosdidier disparaît de la scène médiatique.

En 2009, c'est le brillant rappeur Orelsan qui est pris à partie pour sa chanson Sale pute. C'est Valérie Létard, alors secrétaire d'État à la solidarité qui se dit solidaire de plaintes déposées par des associations à la suite des mises en garde de blogueuses. Elle évoque un "appel à la haine et à l'incitation au meurtre", et reçoit le soutien de Christine Albanel, alors ministre de la Culture. Rien à voir avec l'apologie de la violence sexiste, Orelsan incarne un personnage, comme dans la plupart de ses textes. Pour le coup, il s'agit d'un homme transformé en monstre car largué par sa chérie.

D'ailleurs, il ne jouera plus cette chanson sur scène. Des Festivals de musique le déprogramment, ce n'est pas le cas du Printemps de Bourges, dont on salue le courage. En revanche à l'approche des Francofolies de La Rochelle, Jean-Louis Foulquier, son organisateur, déclare que sous la pression de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, il se voit contraint d'annuler la venue d'Orelsan. Elle menaçait de suspendre ses subventions. C'est alors que l'on assiste à un jeu politique amusant : l'UMP retourne sa veste en la personne de son porte-parole, Frédéric Lefebvre, qui s'insurge contre cette censure et soutient Orelsan ! Jacques Dutronc chantait : "Je retourne ma veste, toujours du bon côté..."

Enfin, l'année dernière toujours, c'est le ministre de la Culture Frédéric Mitterand qui prend position contre le rappeur Morsay, membre du collectif Truands de la galère, qui apparaît dans le clip J'ai 40 meufs armé et scandant "j'nique la police municipale". L'UMP déplore des propos "violents, misogynes et homophobes", sous l'impulsion des syndicats de policiers. Frédéric Mitterand explique : "la liberté d'expression ne doit pas être le prétexte à des dérives incitant à la haine ou à la violence". Au final une association gay, Révolution LGBT, porte plainte contre Morsay...

La limite entre insulte réelle et fantasme mis en scène est fine, certains l'ont dépassée...

 

Nicolas Derrstroff

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