Depuis deux ans, malgré les semonces des scandales et des soucis de santé en cascade, le roi Juan Carlos Ier d'Espagne n'abdique pas. Au sens propre comme au figuré. Opéré de la hanche mardi dernier (24 septembre 2013), le souverain ibérique, âgé de 75 ans, a quitté ce 1er octobre l'hôpital Quiron de la banlieue de Madrid comme il l'avait rallié : tout sourire, en faisant bonne figure.
"Je me sens très bien, très bien, comme vous voyez", a ainsi lâché par la fenêtre ouverte de sa voiture le roi aux journalistes présents pour observer son départ pour le palais, après avoir reçu le feu vert de l'équipe médicale dirigée par le docteur Miguel Cabanela. Ce n'est pourtant pas si évident à voir qu'il veut le faire croire.
Handicapé depuis de longues semaines, durant lesquelles il s'aidait de béquilles lors de ses tâches officielles, le monarque, victime d'une infection, a été opéré pour procéder au remplacement de la prothèse qui lui avait été posée à la hanche gauche en novembre 2012. Il devra d'ici environ deux mois passer à nouveau sur la table d'opération, pour la neuvième fois depuis sa première opération à la hanche en mai 2010, afin de recevoir une prothèse définitive. S'ensuivra alors un délai de convalescence et de rééducation de six semaines avant qu'il puisse marcher à nouveau correctement. Un laps de temps pendant lequel son héritier, le prince Felipe, et sa belle-fille, la princesse Letizia, seront largement mis à contribution, comme c'est déjà le cas cette semaine.
Au CHU Quiron de Pozuelo de Alarcon, où il a reçu les visites régulières de son épouse la reine Sofia, mais aussi celles, ponctuelles, de ses petits-enfants Felipe, Leonor et Sofia, du Premier ministre Mariano Rajoy ou de l'infante Margarita, Juan Carlos Ier d'Espagne a fait des progrès rapides et très satisfaisants. 48 heures après l'intervention, le souverain avait déjà bien récupéré et travaillait à sa rééducation en reprenant la marche dans les couloirs de l'établissement. De fait, l'hôpital a annoncé qu'il a "reçu l'autorisation de sortie après avoir passé de façon très satisfaisante la période post-opératoire et avoir récupéré une autonomie suffisante pour les mouvements quotidiens". "Durant les prochaines semaines, Juan Carlos continuera son traitement, les visites post-opératoires et le programme de rééducation prévu", précise un communiqué de l'hôpital.
Malgré son opiniâtreté et ses traits d'humour pour faire diversion, le monarque, naguère si impressionnant de vitalité, ne peut empêcher ses compatriotes de s'interroger. Et si le principal intéressé récuse catégoriquement l'idée d'une abdication au profit de son fils, alors même que la popularité de la monarchie est menacée tant par ses scandales internes (le procès pour détournement de fonds du gendre du roi, Iñaki Urdangarin) que par le contexte morose de la crise économique, le débat ouvre la voie à une définition d'un rôle pour le prince héritier, à qui la Constitution espagnole n'accorde aucune fonction officielle.