La famille royale d'Espagne réunie au complet ? Presque. Depuis plus d'un an et demi et le déclenchement du scandale Noos, très encombrante affaire de détournement de fonds qui a vu la mise en examen d'Iñaki Urdangarin et pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de l'infante Cristina, c'est toujours presque. Mais jeudi 20 juin 2013, c'était un presque amélioré puisque les infantes Elena et Cristina, ainsi que Son Excellence Don Felipe Froilan, fils aîné de la première, se joignaient au roi Juan Carlos Ier, à la reine Sofia et aux infatigables Felipe et Letizia.
L'union sacrée a eu lieu en la chapelle du palais royal, à Madrid, à l'occasion d'une messe commémorant le centenaire de la naissance de Don Juan de Bourbon, comte de Barcelone, père du roi Juan Carlos, mort en 1993 (ses obsèques avaient été célébrées en la chapelle royale). Le genre d'événement propre à exalter le meilleur et à exacerber la solidarité de la famille autour de ses racines et du berceau de la démocratie ibérique. Écarté par Franco en raison de ses visions trop libérales et décédé sans avoir régné, Don Juan avait abandonné ses droits dynastiques au profit de son fils Juan Carlos, couronné deux jours après la mort du dictateur espagnol, en 1975.
Autour du noyau dur, de nombreuses personnalités liées à la famille royale, parmi les 200 invités, assistaient au service religieux, accompagné à l'orgue par Pedro Alberto Sánchez, maître de chapelle au monastère de San Lorenzo d'El Escorial : l'infante Pilar, soeur aînée du roi, l'infante Margarita, sa soeur cadette, avec son époux Carlos Zurita, l'infante Doña Alicia de Bourbon-Parme, Carlos et Ana de Bourbon-Siciles, Simeon et Margarita de Bulgarie, le duc de Bragance et son épouse... Ainsi qu'un cortège d'officiels, en tête duquel le chef du gouvernement Mariano Rajoy.
Mais l'attention était inévitablement focalisée sur Cristina d'Espagne, qui n'était plus apparue en contexte officiel depuis la fête nationale du 12 octobre 2011. Si sa soeur aînée l'infante Elena, après avoir très mal vécu la tourmente familiale début 2012, a réussi à sortir la tête de l'eau, l'infante Cristina, elle, continue d'éviter les événements publics de la vie royale. Son époux Iñaki Urdangarin, inculpé dans le dossier Noos qui porte sur le détournement de près de 6 millions d'euros sous sa présidence de l'Instituto Noos (une société de mécénat chargée de l'organisation d'un congrès touristique dans les Baléares), a quant à lui était lâché par le roi, banni de l'agenda officiel dès décembre 2011 et mis encore plus à l'écart depuis.
Dans cette affaire, qui écorne durement la monarchie espagnole, dont la cote de popularité a chuté dramatiquement, la fille du roi est également inquiétée : mise en examen à son tour en avril dernier par le juge majorquin José Castro, en charge de l'instruction, en raison de son rôle présumé dans cette affaire de corruption, l'infante Cristina, revenue vivre en Espagne avec sa famille en août 2012 pour affronter le procès, est actuellement "en sursis", ladite mise en examen ayant été suspendue suite à une requête du parquet anticorruption, suivie par les avocats de la princesse. Sa convocation devant le tribunal de Palma de Majorque est donc toujours en suspens ; son incrimination aussi, puisque le tribunal, dans sa dernière décision, stipulait qu'une nouvelle mise en examen pourrait être décidée en fonction de l'enquête et d'un "possible délit de fraude fiscale et/ou de blanchiment d'argent".