En règle générale, accollé à Julia Stone, on trouve son frère Angus. Exceptionnellement, c'est en ce moment le Français Benjamin Biolay qui le remplace, partageant un duo amoureux avec l'Australienne à la charmeuse voix candide, alors qu'Angus et Julia font provisoirement route à part pour publier chacun un album solo : ainsi, tandis que Julia Stone chante, partiellement en français s'il vous plaît, la tendresse Let's Forget en duo avec Biolay (actuellement à l'oeuvre sur un nouvel album personnel ainsi qu'un album hommage à Henri Salvador), Angus Stone joue les cow-boys solitaires avec Bird on the Buffalo avec la complicité subjuguante de sa compatriote Isabel Lucas.
"Angus et Julia ont dernièrement profité de vacances bien méritées aux quatre coins du monde. Ils sont maintenant super occupés à travailler sur leurs albums solos respectifs, qui sortiront cette année. Ils seront également en tournée avec ces albums solo avant de se réunir pour un nouvel album d'Angus & Julia Stone", avise depuis un certain temps le site Internet officiel du fameux duo australien (un peu les Cocoon des antipodes), qui tourne abondamment et dont les chansons, également, tournent abondamment sans lui - de Paper Aeroplane à Big Jet Plane en passant par Hold On, le son d'Angus et Julia, intimiste, poétique et toujours arrangé à merveille, voyage allègrement au gré des pubs, séries TV et films (les adeptes de la saga Twilight ont pu entendre leur chanson Love Will Take You dans le récent chapitre Révélation - partie 1).
Julia Stone flirte avec Benjamin Biolay...
Julia Stone, en concert à Paris (Café de la Danse) le 24 avril, publiera le 30 mai 2012 By The Horns (Discograph), son deuxième album solo après le sombre The Memory Machine, coup d'essai bien signé sorti à l'automne 2010. Thomas Bartlett (Antony & the Johnsons, The National) en a assuré la réalisation à New York. Let's Forget, ballade initialement dévoilée au sein d'un EP publié en février, revient dans une version duettée pour l'annoncer, après le sombre et nerveux It's All Okay. Au côté d'une Julia Stone envoûtante, avec sa grâce toujours délicieusement vaporeuse et son grain de voix irrésistiblement accrocheur, Benjamin Biolay offre un contrepoids vocal évidemment très différent de celui d'Angus Stone : le timbre de baryton de Biolay, suavement embarqué dans cette romance bucolique, assuré et sensuel, accomplit un mariage parfait, un accord parfait, avec celui, plus incertain, de Julia. "Toi, moi, nous, le même parfum dans nos cous" : ce tendre rendez-vous est un bijou, qui voit des corps s'entremêler dans l'écume et des voix s'abandonner ("Let's forget all the things that we said") dans des arrangements miroitants. Susurrements et respirations de deux âmes transcendées. Une exquise extase sentimentale oublieuse de tout, qui reflète bien le coeur de By The Horns, album qui s'intéresse au pouvoir de séduction et de tromperie des hommes, au désarroi universel "lorsqu'il est question d'aimer quelqu'un", à la beauté de la quête pour "retrouver cette sensation" : "Nous sommes tous désemparés. Nos coeurs sont faits pour être accueillants et se remplir d'amour. Même blessée, je sais que je serai toujours en quête d'amour", dit (et chante) Julia Stone.
... pendant qu'Angus Stone déserte avec Isabel Lucas
Après Smoken Gun, son premier solo, publié en 2009 sous le pseudonyme Lady of the Sunshine, Angus Stone publiera également son deuxième effort personnel en 2012, vraisemblablement en juillet. Frère et soeur étant immanquablement synchro, lui aussi avait préparé le terrain en février avec la sortie d'un EP autour du single Broken Brights.
Avec un nouvel extrait, Bird on the Buffalo, le style s'avère plus aride : une guitare folk tourne en boucle, en proie à une certaine lassitude, harcelée par une guitare électrique qui lézarde entre les dunes régulières de ce morceau dont la facture peut faire penser à R.E.M. (Losing My Religion) et la voix usée au style parlé d'Iggy Pop pour In the Death Car. Une errance dans laquelle l'auditeur aussi perd ses repères.
La sécheresse de Bird on the Buffalo est mise en scène avec éclat dans le clip, justement tourné en plein désert australien, réalisé par Jessie Hill. Après la vision floue et brûlée par le soleil implacable de Broken Brights, ébloui et apesanti ("Is that the old man walking in the dark ?"), l'image est cette fois d'une crudité et d'une limpidité parfaites, suivant Angus Stone en lonesome cow-boy dans son errance sur le sable et la terre infertile. Les contrastes sont accentués à l'extrême, assortis de quelques effets optiques qui confèrent à la vidéo une aura métaphysique et symbolique. Hibou et loups, animaux mythiques, y concourent, de même qu'une Isabel Lucas impérieuse : la bombe australienne de 27 ans, révélée par la série Summer Bay et starisée par sa participation à Transformers 2 (vue depuis dans Les Immortels, on la retrouvera sur grand écran en fin d'année avec le film de guerre Red Dawn), illumine cette fable suggestive...
G.J.