Le 19 février 2019, la planète Mode commémorait le premier anniversaire de la mort de son Kaïser, Karl Lagerfeld. De son vivant, le couturier a toujours conservé le mystère sur son enfance en Allemagne gouvernée par les nazis et sur sa famille. On apprend aujourd'hui qu'elle devrait sa fortune à des prisonniers, enrôlés de force pendant la Seconde Guerre mondiale.
Raphaëlle Bacqué avait déjà révélé, dans sa biographie Kaiser Karl, que son père Otto, s'était arrangé avec le régime du IIIe Reich pour poursuivre ses activités industrielles. "C'était une forme de collaboration, de compromission insupportable pour le fils, qui a quitté l'Allemagne dès 19 ans et a fait en sorte qu'on n'évoque jamais cet aspect-là de son père", expliquait l'auteur. La nature de cette collaboration se précise grâce à un livre-enquête sorti ce jeudi 17 septembre en Allemagne.
L'ouvrage révèle que Glücksklee, la fabrique de lait dont le père de Karl Lagerfeld était propriétaire, a employé des travailleurs forcés soviétiques et des prisonniers de guerre yougoslaves entre 1941 et 1944. Les Archives Arolsen (Centre de documentation, d'information et de recherche sur la persécution national-socialiste, le travail forcé et la Shoah) citent un certain Braim Maric, prisonnier de guerre yougoslave qui a travaillé dans l'entreprise Lagerfeld au cours de cette période. L'homme faisait partie des 70 à 80 travailleurs forcés de Glücksklee.
Otto Lagerfeld fut également membre du NSDAP, le parti d'Adolf Hitler, entre 1933 et 1945. Elisabeth, la mère de l'ancien directeur artistique des maisons Chanel et Fendi, aurait également été une nazie convaincue. Karl Lagerfeld, né le 10 septembre 1933 à Hambourg, année de la nomination d'Adolf Hitler à la chancellerie allemande, avait assuré de son vivant n'avoir pris connaissance des agissements de ses parents qu'après la guerre.
L'entreprise Glücksklee avait été rachetée par Nestlé, puis revendue par le groupe en 2003.