Mort à l'âge de 94 ans en 2007, l'Abbé Pierre était principalement connu pour être le cofondateur du mouvement Emmaüs, qui est une organisation non confessionnelle de lutte contre l'exclusion. Il s'est ainsi distingué par son combat quotidien pour trouver des logements aux personnes sans-abris. Toutefois, l'image publique de l'Abbé Pierre a été sévèrement écornée ces derniers jours, suite à la publication d'un rapport le mercredi 17 juillet 2024. Dans celui-ci, l'homme d'église est accusé d'harcèlement et d'agressions sexuelles par un total de sept femmes. Samedi 20 juillet 2024, une huitième femme a pris la parole sur l'antenne de France Inter. Cette infirmière, qui travaille dans un hôpital militaire francilien ayant pris en charge l'Abbé Pierre en 2006, a livré un nouveau témoignage accablant sur le cofondateur d'Emmaüs.
Un soir, elle s'est présentée dans la chambre de l'Abbé Pierre pour "l'accompagner à sa toilette". "Il s'est levé, il a marché, il m'a agrippé les deux seins", alors qu'il était "en pleine possession de ses moyens", a révélé l'infirmière. En colère, elle a répliqué en le giflant. "Il répond qu'il était vieux, qu'il était fatigué, qu'il avait besoin de se tenir", a-t-elle ensuite ajouté. "Je lui ai répondu : 'Dans cette grande chambre, vous n'avez trouvé que mes seins pour vous tenir ?", a par ailleurs révélé cette infirmière au sujet de l'Abbé Pierre, qui était âgé de 93 ans au moment des faits. Cette femme découvrira par la suite que l'Abbé Pierre "était coutumier du fait", au moment où elle a rapporté cet incident à ses responsables et à d'autres infirmières. "Deux ou trois autres de mes collègues m'ont dit : 'Moi aussi il m'a touché les seins'", a assuré cette femme.
Elle a finalement choisi de ne pas dénoncer publiquement le comportement de l'Abbé Pierre en raison de son âge avancé. "Je me suis dit : 'C'est la fin de sa vie, il s'est égaré'", a-t-elle pensé sur le moment. C'est après avoir pris connaissance du rapport accablant contre l'homme d'église qu'elle a décidé de témoigner, car elle a été "choquée" par ce qu'elle a lu. "Sur le coup, je me suis dit : 'Tu t'es défendue, tu lui as donné sa gifle, tu as fait ce qu'il y avait à faire'. Mais je me rends compte que ce n'est pas réglé. Il y a quelque chose en moi qui souffre de cela. (...) Ce n'est pas un saint. C'est un homme comme tous les autres. Il serait injuste et malhonnête de le présenter juste comme un grand homme et de l'encenser", a ainsi déclaré cette infirmière en guise de conclusion.