Hier, on s'étonnait de la tournure trash que prenait Dilemme, le CSA est aussi de cet avis.
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a mis en demeure l'émission de télé réalité produite par Alexia Laroche-Joubert (et présentée par l'animatrice et journaliste Faustine Bollaert) pour "comportement avilissant" ; et tous les médias en parlent aujourd'hui. Loin de poser problème à W9, cette indignation générale pourrait au contraire servir le programme...
Une vague de consternation et d'indignation : le CSA réagit...
Si W9 a été mis en demeure par le CSA, c'est pour un épisode bien particulier qui avait déjà choqué et suscité le débat dans notre rédaction : Ophélie (qui a abandonné le jeu dimanche soir) a accepté d'être tenue en laisse et de manger des croquettes dans une gamelle pour 3 000 euros virtuels (la cagnotte n'est concrétisée que pour le gagnant). Pour le CSA, la candidate "a fait l'objet d'un traitement avilissant et dégradant".
Les gendarmes du PAF ont ajouté : "Quand bien même la candidate s'était prêtée librement à ce jeu, [cette séquence] conduisait à rabaisser un être humain au rang d'animal et portait atteinte, par son objet même, au respect de la dignité humaine". En outre, le CSA a demandé à la chaîne d'apposer une signalétique idoine (interdit aux moins de 10 ans) lorsque les images le nécessitent.
Cette mise en demeure de W9, deux semaines après le lancement de ce jeu, coïncide avec les prémices d'une indignation générale. Il faut dire que les événements qui surviennent dans le cube des dilemmes ont de quoi choquer ou mettre mal à l'aise : dilemme pour plonger dans une piscine de (faux) fumier, soirée SM (à l'initiative des candidats), entrée de la mère d'un candidat, à moitié-nue, dans la maison... les occasions d'être dérangées sont pléthoriques. Et le doute s'installe sur le dessein de ce jeu. Ainsi, cette émission "nouvelle génération" est soit en train de faire un coup génial comme Loft Story (qui choquait il y a dix ans et qui est finalement devenu une référence pour les émissions de télé réalité) soit en train de tuer le genre. Rappelons toutefois que si l'émission dérange, elle est simultanément en train d'enregistrer de très bons scores d'audience : plus c'est trash, plus les téléspectateurs aiment.
Un tsunami de (bonne ?) communication : W9 et ALJ sourient !
Chez W9, on frôle l'orgasme numérique avec ces scores (jusqu'à 500 000 téléspectateurs pour une quotidienne et 900 000 curieux pour le lancement): les communiqués de presse pleuvent dans les rédactions pour se féliciter, à raison, des bonnes audiences de l'émission. Et la chaîne est ravie de rentabiliser ce projet dans lequel elle a lourdement investi et qui bénéficie d'une importante couverture médiatique. Et plus ces médias - nous y compris - évoquent l'image sulfureuse de l'émission... plus les audiences s'envolent : W9 se satisfait de ce dernier point. L'image de la chaîne pourra être rectifiée à moyen ou long terme alors que les chiffres sont à savourer dans l'instant.
Quant à la productrice Alexia Laroche-Joubert, qui maîtrise à la perfection les rouages de la télé réalité (on lui doit de nombreux succès de real Tv, notamment lorsqu'elle travaillait chez Endemol), elle relativise les faits dans le magazine VSD : "On ne tue personne. En France, on préfère le divertissement au trash. Les téléspectateurs n'aiment pas se sentir dérangés et avoir l'impression que le candidat est mal à l'aise". Quant à la mise en demeure du CSA, Alexia semble y avoir répondu en amont, avant même que cette décision tombe : "Dans ce que j'ai produit, j'ai toujours veillé à l'intégrité des gens, en faisant en sorte qu'ils ne ressortent pas blessés des expériences qu'ils ont vécues". Certains anciens candidats, affaiblis après une telle expérience, ne sont pas exactement du même avis...
Pour la productrice, la télé ne blesse pas les candidats ; au pire, elle exacerbe et ravive les douleurs. Si elle reconnait que l'enjeu est l'argent et la notoriété, elle déclare aussi "Il peut y avoir une forme de perversité de la part de certains candidats". Alexia précise ainsi que les candidats ont déjà leurs démons avant de rentrer dans des lieux d'enfermement, à l'instar de Loana qui avait déjà de nombreux problèmes personnels... et qui en a toujours. Précisons qu'elle fait d'ailleurs l'objet d'un documentaire (produit par ALJ), actuellement suspendu en raison de ces fameux soucis personnels.
Pas de quoi dramatiser le phénomène Dilemme donc... même si Alexia Laroche-Joubert avoue qu'elle n'aurait pas été prête à participer à un tel jeu pour de l'argent. La télé réalité n'est de toute façon pas sa seule priorité puisque cette fille de journaliste a encore plusieurs chantiers en cours : Bienvenue dans ma tribu pour TF1, un projet de scripted TV (docu-fiction scénarisé) et éventuellement du sport et de la fiction.
Quel avenir pour Dilemme ?
Que va devenir Dilemme pour les prochaines semaines ? Une perte d'audience ? Un discrédit ? Une plus grande indignation ? Pour l'instant, ce n'est pas important : W9 et les sociétés de production (ALJ prod et Banijay de Stéphane Courbit) savourent cette publicité qui, bien que peu flatteuse, est toujours bonne à prendre.
Comme l'a dit un jour un grand sage : qu'on lèche ou qu'on crache, l'important c'est que ça brille. Comprendre qu'on encense ou qu'on incendie, on parle de Dilemme et c'est le but. La preuve, l'émission vient à nouveau de bénéficier d'une jolie exposition sur notre site : but atteint...