L'Inconnu du lac, présenté au dernier Festival de Cannes, a obtenu le prix de la mise en scène de sa section, Un Certain Regard. Une belle récompense pour le film qui fait à présent face à une polémique. L'affiche de ce long-métrage d'Alain Guiraudie, créée par l'illustrateur Tom de Pékin, a été retirée par les municipalités de Versailles et de Saint-Cloud, à la suite de plusieurs plaintes.
Sur l'affiche du film L'Inconnu du lac, deux hommes s'embrassent, en arrière-plan, un autre couple qui semble pratiquer une fellation, une oeuvre comme coloriée au feutre et au style plutôt enfantin. Selon Rue 89, la décision a été prise à Saint-Cloud après les plaintes d'une vingtaine de Clodoaldiens. À Versailles, la direction de la communication, toujours interrogée par Rue 89, "dément formellement avoir contacté Decaux pour demander le retrait des affiches mais dit 'comprendre que l'affiche puisse choquer un public qui se retrouve désarmé face à des affiches qui abordent la sexualité dans la rue'". De son côté, le groupe d'affichage assure avoir retiré ces affiches "à la demande des municipalités de Saint-Cloud et Versailles" : "Nous sommes en contrat avec les villes. En tant que prestataires, quand une ville nous demande quelque chose, nous suivons sa demande."
L'association SOS Homophobie et le festival de cinéma gay Chéris Chéris, qui y voient ni plus ni moins que de la censure, appellent alors à manifester. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a réagi au retrait à Versailles et Saint-Cloud des affiches du film évoquant "un acte de censure qui porte atteinte à la liberté de communication et d'expression". Régine Vial, responsable du distributeur du long-métrage, Les films du Losange, s'est quant à elle dite "surprise" et "déçue" : "L'affiche est très travaillée, très belle [...], elle se trouve sur 350 autres panneaux publicitaires et ça ne pose pas de problème", a-t-elle estimé.
Le réalisateur lui-même a réagi à cette situation pour Première : "Je prends ça de manière détachée. J'hésite entre l'amusement et l'agacement. Je remarque quand même que, comme par hasard, ça vient de l'Ouest parisien, de ces bourgeois qui veulent protéger leurs enfants ad vitam aeternam. Protéger de quoi, d'ailleurs ? De la réalité des choses ? Et de qui ? Mais pour être honnête, ça me saoule un peu quand même."