Deux balles dans la tête pour un émoi mondain. L'assassinat de sang-froid d'un millionnaire russe ou comment un fait divers sordide met à la une des gazettes une amitié secrète des coulisses du gotha.
Intime - le degré d'intimité reste sujet à caution - de la très élégante princesse Michael de Kent, 67 ans, depuis leur première rencontre en 2005, le millionnaire russe Mikhail Kravchenko, 46 ans, a été froidement abattu dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 mai 2010, entre 2 et 3h. La manière dont il a été exécuté semble indiquer qu'il s'agissait d'un contrat : le playboy russe, qui avait fait fortune dans le commerce de mobilier avec sa marque March 8th et passait selon son entourage pour être une personne extrêmement charmante, a été pris pour cible et assailli par deux à trois tireurs alors qu'il garait sa Mercedes devant la propriété aux murs de briques rouges qu'il avait fait construire pour ses parents dans Novo-Peredelkino, quartier de Moscou prisé des nouveaux riches. Le véhicule de Mikhail Kravchenko a été criblé de balles (plus d'une dizaine), l'homme d'affaires en a reçu quatre dans la poitrine avant d'être extirpé de la voiture et achevé de deux balles dans la tête à bout portant. La police moscovite semblait penser qu'il avait peut-être avec lui un passager et était à sa recherche. Quant au motif de son exécution, une des responsables de l'enquête a évoqué une dispute du businessman avec ses associés et les dettes de l'entreprise March 8th pourraient constituer un mobile, même si la vice-présidente, Svetlana Saveleva, s'en défend : "Notre société a des dettes, comme les autres entreprises, mais qui ne sont en aucune manière critiques", a-t-elle répliqué, ajoutant que le personnel était en état de choc. Selon certains salariés, l'entrepreneur, en dépit de sa réussite, était demeuré une personne très accessible, à l'écoute de ses employés et qui n'hésitait pas à passer à l'usine en fin de journée pour parler avec eux. Des portraits faits par ceux qui l'ont côtoyé, il ressort en outre l'image d'un homme simple, talentueux, irrésistible et qui jouissait de sa fortune pour profiter au maximum de la vie.
Après l'annonce de la mort brutale de Kravchenko, un porte-parole du prince et de la princesse Michael de Kent a fait savoir que le couple était "totalement bouleversé" par la disparition de cet "ami proche". Natif du Kazakhstan, diplômé en économie de l'Université de Moscou dans les années 1990 et élu à l'Académie d'économie russe, Mikhail Kravchenko dirigeait depuis 2000 la florissante société March 8th. Il avait perdu l'année suivante, en 2001, sa femme Svetlana et leur fille de 5 ans, Maria (il lui avait d'ailleurs dédié un recueil de poèmes de son cru, après la tragédie), dans un accident de voiture survenu à Moscou, où lui-même avait été grièvement blessé. Suite à son veuvage, ce beau parti aux cheveux longs et au charisme indéniable était devenu l'un des célibataires les plus en vue du pays. Passionné de voyages à travers le monde, dont il livrait récits et photos dans la revue moscovite trendy Desillusionist, Kravchenko avait fait la connaissance de la princesse Michael de Kent (née baronne Marie Christine de Reibnitz et liée à la plupart des familles royales européennes), descendante de Diane de Poitiers et de Catherine de Médicis (aïeules auxquelles elle consacra l'un de ses ouvrages d'histoire des familles royales), épouse en secondes noces du prince Michael de Kent (fils du prince George et de la princesse Marina, cousin de la reine Elizabeth II), en octobre 2005 à l'occasion d'un salon de décoration d'intérieur sponsorisé par March 8th dans le cadre duquel la princesse, décoratrice d'intérieur avant d'épouser le prince, devait remettre un prix. Il avait 39 ans, elle 60. Le récit par le charmant Russe de la mort des deux femmes de sa vie l'avait beaucoup émue. Ils s'étaient liés.
L'année suivant leur rencontre, en 2006, ils étaient photographiés main dans la main à Venise, où la presse britannique était certaine que Mikhail Kravchenko, rapidement qualifié par les tabloïds de toy-boy de la princesse Michael de Kent, avait réglé la note (2 700 euros) pour deux suites communicantes dans un cinq-étoiles, le Cipriani, où son amie serait descendue sous un pseudonyme. Tous deux démentent fermement les rumeurs de liaison, la princesse expliquant crânement dans Hello! : "Je tiens toujours la main de mes amis. Il n'y a là rien d'intime. Les hommes tombent sous mon charme, et de mon côté, je suis une personne très tactile, tout le temps." Leur complicité, tandis que le prince Michael de Kent prêtait le flanc à ses propres rumeurs de romance extraconjugale, avait perduré, se développant notamment dans leur passion commune pour l'art.