C'est "une des voix les plus belles et les plus lumineuses qui aient jamais enchanté la scène" qui s'est tue à jamais, selon la formule émue de la BBC : la cantatrice galloise Margaret Price, l'une des sopranos les plus remarquables, est morte, vendredi 28 janvier 2011 au matin, d'un arrêt cardiaque survenu à son domicile près de Cardigan, au Pays de Galles. Elle avait 69 ans.
Dans son vibrant hommage, la BBC se souvient de celle qui, d'abord mezzo-soprano timide, avait atteint, soprano superbe, le statut de légende de l'art lyrique grâce à ses interprétations de quelques-unes des pages les plus ardues et élitistes de l'histoire de la musique - Mozart, notamment, qui marqua ses débuts opératiques à l'âge de 21 ans avec le rôle de Chérubin dans Les noces de Figaro -, avec "la combinaison de la pureté et de la beauté du timbre, et d'une technique irréprochable". En 2007, la revue musicale de la BBC l'avait d'ailleurs classée 8e dans le top 20 des meilleures cantatrices de tout les temps.
Et dire que, adolescente, elle était réticente se diriger vers une carrière musicale, pourtant née dans une famille de mélomanes ! Il aura fallu que le chef de chorale et organiste Charles Kennedy Scott la repère, à 15 ans, et l'incite vivement à étudier au Trinity College of Music, pour mettre les choses en route. Mais, même après, Margaret, qui aurait souhaité enseigner la biologie, était très peu encline aux auditions. C'est en fin de compte l'opiniâtreté de son père qui offrit au monde de l'art lyrique l'une de ses plus éminentes contributions. Un parcours d'excellence marqué par sa références dans le répertoire de Mozart (Donna Anna dans Don Giovanni, Pamina dans La Flûte enchantée) et dans le domaine du lied (son enregistrement du Tristan et Isolde de Wagner est un sommet).
Margaret Price avait été faite commandeur de l'ordre de l'empire britannique en 1982, puis Dame commandeur (le grade juste en dessous de grand-croix) en 1993.