Les lois des enchères sont décidément impénétrables... Si, régulièrement, les compteurs s'affolent et les montants s'envolent dès qu'il s'agit d'effets ayant appartenu à des légendes disparues, ce n'est pas un théorème immuable : à Londres, mardi après-midi (19 mars 2013), la vente aux enchères par la maison Kerry Taylor Auctions d'une dizaine des robes les plus iconiques de la regrettée princesse Diana, tragiquement décédée à l'été 1997, n'a pas atteint les sommets espérés.
Annoncée comme fabuleuse et historique, quelques semaines après la cession d'une énigmatique photo de l'ex-épouse du prince Charles, la vente a vu son produit global s'établir à 719 000 livres sterling (soit 842 000 euros environ), un montant remarquable certes, mais en-deçà des estimations. Star parmi les pièces phares de ce lot qui a tout de même attiré les offres d'enchérisseurs du monde entier, la robe de velours bleu nuit signée Victor Edelstein que Lady Di porta le 9 novembre 1985 lors d'un dîner d'Etat à la Maison Blanche émaillé d'une scène de danse mémorable avec un John Travolta subjugué a fait une heureuse : pour 240 000 livres (moins que les 300 000 espérés au minimum), un "gentleman britannique" qui n'avait jamais acheté ce type d'objet et a appelé juste à temps a pu acquérir cette robe qu'on revit en 1987 lors d'une visite officielle en Allemagne, pour en faire le cadeau à son épouse, grande admiratrice de feue Diana. Laquelle avait elle-même vendu en 1997, peu avant sa mort, les dix robes concernées par la vente de mardi au profit d'une bonne oeuvre, encouragée par son fils le prince William. Après avoir acheté la totalité des robes (13) proposées cette année-là, l'Américaine Maureen Rorech Dunkel, qui a au fil des ans exposé ces effets à des fins caritatives, a dû se résoudre à s'en séparer, confrontée à des problèmes financiers. Le fruit de la vente avoisine lui permet de réaliser une belle plus-value sur son investissement de départ, qui était de 500 000 livres.
Deuxièmes au palmarès de la vente, deux robes de soirée Catherine Walker, l'une (estimée à 70 000 livres) en velours noir et épaules nues portée pour un shooting pour Vanity Fair par Mario Testino au palais de Kensington en 1997, l'autre (estimée à 50 000 livres) en velours bordeaux, décolletée dans le dos, portée en visite officielle en Australie et lors de l'avant-première du film Retour vers le futur, ont été acquises chacune pour 108 000 livres. Deux autres créations Catherine Walker, la première bleue à sequins, vue sur la princesse de Galles en 1989 lors d'une visite en Autriche, et la seconde rose à sequins utilisée en 1991 en visite officielle au Brésil, ont trouvé preneur respectivement pour 90 000 et 78 000 livres.
Catherine Walker toujours : une charmante robe de soie rose d'inspiration perse et brodée, qui avait ravi les regards lors d'une visite en Inde en février 1992, a été achetée pour 66 000 livres, tandis qu'une autre robe bordeaux à col rebrodée de la même maison, portée la même année en Corée après une première apparition en 1990 lors d'une projection, est passée sous le marteau pour 50 400 livres. Le même montant a été offert et retenu pour la robe noire Bruce Oldfield immortalisée dans un portrait officiel commis par Lord Snowdon et lors de la soirée d'ouverture des Misérables en 1985. En queue de peloton, une robe de cocktail ivoire Zandra Rhodes portée en mai 1987 a dépassé de quelques milliers de livres l'estimation (48 000 pour 40 000), tandis qu'une robe vert bouteille Victor Edelstein style années 1940 est restée en-dessous des 30 000 livres escomptées (24 000 livres).
A noter que deux des robes ont été acquises par le palais de Kensington, ancienne résidence de Lady Di et actuelle demeure de ses fils William et Harry, qui expose maints souvenirs de son ancienne locataire...