
Terrible nouvelle pour tous les aficionados de reggae. Lee "Scratch" Perry, est décédé dimanche 29 août 2021 en Jamaïque. Le producteur mystique et excentrique avait permis au reggae de conquérir le monde en guidant Bob Marley. L'AFP rapporte que Lee 'Scratch' Perry est mort ce matin alors qu'il se trouvait à l'hôpital Noel Holmes. Il avait 85 ans", a annoncé le Premier ministre de Jamaïque Andrew Holness sur son compte twitter.
Né en 1936 à Kendal, en Jamaïque, Rainford Hugh "Lee" Perry avait quitté l'école à 15 ans avant de s'installer à Kingston dans les années 1960. "Mon père travaillait à la rue, ma mère dans les champs. Nous étions très pauvres", a-t-il dit en 1984 au magazine de rock britannique New Musicalm Express (NME). "Je n'ai rien appris à l'école. J'ai tout appris dans la rue"."Sorcier du reggae", "Salvador Dali du dub" (prolongement du reggae basé sur des échos), "The Upsetter" ("L'emmerdeur") les surnoms ne manquent pas pour cette figure insaisissable et marquante dans l'histoire de la musique.
C'est donc Lee "Scratch" Perry qui poussa Marley en studio à sortir de sa gangue pour se hisser aux sommets. "Sans lui, Bob Marley serait peut-être resté une flèche orpheline de son arc", écrivit Francis Dordor, spécialiste du bonhomme, dans les Inrockuptibles. Perry "réintroduisit l'Afrique dans la musique jamaïcaine. Non seulement la pluralité rythmique mais aussi la résonance culturelle et philosophique". Mais il ne faudrait pas réduire le chamane jamaïcain à ce fait de gloire. Cette frêle silhouette soufflant de la ganja sur son micro pour en chasser les mauvais esprits avant ses performances-expériences sur scène, a insufflé nombre de motifs musicaux. "C'est le son de Perry et celui des toasters jamaïcains qui nous ont inspirés au début du hip-hop" a admis Afrika Bambaataa, pionnier du rap US, dans Rolling Stone. Et certaines des boucles hypnotiques jaillies des consoles de mixages - élevées au rang d'instruments à part entière - de Perry s'entendent dans la techno.
L'homme ne nourrira d'ailleurs aucune rancoeur à entendre ses signatures ici et là. "Si je frappe mes ennemis, ils continuent de vivre. Parce que je les frappe d'amour", avait-il dit dans une formule cryptique dont il avait le secret, lancée au Temps, journal suisse, pays où il avait fini par s'installer à la fin des années 1990.