Dès le 16 mars prochain, France 2 proposera une nouvelle série en huit épisodes : Les beaux mecs. Si ce titre léger peut faire penser à une comédie, il n'en est rien : cette fiction récompensée au dernier festival de Luchon et signée Gilles Bannier (à qui l'on doit la série Engrenages) nous emmène dans les méandres du grand banditisme.
Les beaux mecs sont des truands qui n'ont pas de sang d'innocents sur les mains : le patron des truands, Tony Roucas dit Tony le dingue est brillamment interprété par Simon Abkarian (déjà génial dans Pigalle, série de Canal +). On rencontre également au casting une certaine Victoria Abril en prostituée prénommée Olga : un rôle bien différent de celui de Caro dans la série de TF1 Clem !
"Ne pas verser dans la glorification béate de la pègre"
Dans cette série, plusieurs histoires se mêlent : de l'évolution dans le temps de la "carrière" d'un truand, aux relations qu'il entretient avec son fils, en passant par le rôle (secondaire) de la police.
Pour mieux l'évoquer, Gilles Bannier s'est confié aux journalistes de France 2 : "La série raconte cinquante ans de la vie d'un homme, de son enfance à la soixantaine. Le fait de traverser les époques à travers des retours en arrière, des va-et-vient entre le passé et le présent, de changer de décennies, d'ambiance, de lieux, de voitures, de costumes, de coiffures, de morale, etc., donne à la narration une couleur et un rythme très particuliers. En toile de fond, il y a les changements de la société et des moeurs, la question de la transmission et le conflit entre les générations. Ces pères sans doute trop virils et trop bourrus, qu'ont-ils légué ? Quelque chose de leurs codes et de leurs valeurs ne s'est-il pas perdu ? La personnalité forte des hommes, que ce soit du côté des truands ou de celui des flics, ne s'est-elle pas diluée avec le temps ? A tout cela, il fallait une forme qui soit à la hauteur. Suggérer l'évolution d'un certain "glamour" (le passé un peu fantasmé) à un réalisme amer (le monde d'aujourd'hui et ses désillusions), éviter la reconstitution historique "jolie", ne pas verser dans la glorification béate de la pègre, traiter l'ensemble à la fois avec le lyrisme qu'impliquent les sentiments humains qui sont exposés et une certaine crudité."
La confrontation entre deux univers
"C'est même un véritable choc des cultures entre un vieux gangster formé dans les années 1950-1960 qui a passé un quart de siècle "à l'ombre," et un jeune voyou apprenti truand issu du monde des cités. Comme souvent, ce genre de situation est le point de départ de scènes humoristiques où se manifeste le décalage entre deux mondes qui ne se comprennent pas. Mais, au-delà de ça, la particularité de cette série est, je crois, de passer sans arrêt de la comédie à la tragédie, ou plutôt de faire de la première le contrepoint de la seconde, de mêler la drôlerie à l'amertume. Car Les Beaux Mecs, c'est l'histoire d'un homme qui prend conscience qu'il a raté sa vie. Femme, enfant, amis, il a tout perdu et il prend tout cela en pleine figure, violemment. Mais il y a aussi quelque chose comme un rachat : la figure paternelle que Tony représente, presque malgré lui, pour Kenz, la possibilité d' "adopter" un fils en lieu et place de celui qu'il n'a pas connu et de lui transmettre, malgré tout, quelque chose de ce qu'il a été."
Découvrez en plus sur cette série avec les coulisses du tournage et l'interview de Simon Abkarian dans les vidéos ci-dessus.