L'amnésie traumatique joue des tours à de nombreuses victimes qui n'ont pas conscience d'en être avant que les souvenirs ne reviennent. C'est ce qu'a vécu Andréa Bescond, co-réalisatrice du film Les Chatouilles, basé sur sa propre expérience. "Dès qu'il le pouvait, cet ami de mes parents m'a imposé pendant plusieurs années des séances de 'chatouilles', comme il disait", racontait la comédienne auprès de Marie-Claire en mars 2017.
"Quand nous dormions chez lui, il adorait me pénétrer avec ses doigts lorsque ses fils et mon frère étaient endormis. J'ai dû enfouir tout ça, inconsciemment, car je l'ai croisé souvent après. Je savais qu'il m'avait fait un truc, mais quoi ? Les souvenirs ont commencé à remonter quand j'ai eu des petits amis", déplorait Andréa Bescond. Le plus dur a été de recroiser son agresseur. "Un jour, j'avais 17 ans et je l'ai vu à cinquante mètres de moi. Nos regards se sont croisés. Je me suis figée pendant dix secondes. C'est long, dix secondes. Et là, je crois qu'il a compris que je savais", se rappelait-elle.
Andréa Bescond a décidé de porter plainte lorsqu'elle a su qu'il allait devenir grand-père. Trois ans après, le procès a eu lieu. "Il a été condamné à dix ans de prison et il en a fait sept. Il avait agressé d'autres enfants", précisait-elle. Comme c'est malheureusement le cas, son récit a été "remis en cause" par sa propre famille après le procès "même en ayant entendu aux assises les aveux de mon agresseur".
"Le déni familial est le deuxième traumatisme après le viol. Mais ma descente aux enfers a commencé après, car je n'étais pas prête. Beaucoup d'autres affreux souvenirs me sont revenus", regrettait Andréa Bescond. À la sortie du film, l'ancienne danseuse expliquait à peine commencer à se "sentir femme, dans l'intégrité". Un parcours aussi douloureux qu'épanouissant.
Les Chatouilles, à 21h05 sur France 2 le mercredi 17 mars 2021.